10 Juin 2022

Avec Otakam, l’expertise spatiale à l’aide des cyclistes

La start-up, fruit d’un essaimage du CNES en 2017, lance un nouvel applicatif innovant pour le calcul de puissance sans capteur et la prévision d’effort ultra-personnalisée, grâce à l’exploitation d’un brevet CNES.
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La plateforme Otakam aide le cycliste à suivre et calculer ses performances Crédits : Otakam

En sport, progresser est affaire de micro-détails, de « gains marginaux ». La technologie permet désormais d’optimiser sa pratique. Otakam a décidé de la rendre plus accessible aux cyclistes, grâce à sa dernière innovation : « Nous mesurons la puissance du coureur (en Watts) sans avoir de capteur installé sur son vélo. Le prix de ces capteurs était un frein : avec nous, le cycliste peut accéder à des analyses ultra-personnalisées, grâce à un croisement de données (GNSS, physiologiques et externes) et l’auto-apprentissage de nos algorithmes » détaille Jérôme Legenne, co-fondateur d’Otakam.

Vers une communauté élargie d’utilisateurs

L’ingénieur du CNES, expert en navigation par satellite et passionné de vélo, a lancé Otakam en 2017 autour des épreuves cyclosportives. La marque se fait connaître et devient partenaire de la Fédération française de cyclisme.

L’entreprise affine sa plateforme web et continue de développer ses algorithmes d’analyse. « Nous agrégeons les données de nombreuses sources, dont celles des compteurs GNSS via les outils digitaux existants, comme l’application Starva. Mais eux ne font pas la prévision d’effort que nous proposons, ni l’analyse et le suivi avancés des performances » détaille Jérôme Legenne. 

L’exploitation fine des data, la modélisation comme la fiabilité des outils exigés dans les activités spatiales, se retrouvent dans l’ADN Otakam.

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Jérôme Legenne Crédits : © CNES/DE PRADA Thierry, 2021

 

L’équipe professionnelle Arkea-Samsic s’appuie sur la prévision d’effort en contre la montre, quand l’Occitane Cyclisme Formation (National 1), utilise la plateforme de suivi et d’analyse. Les clubs et entraîneurs tirent parti de l’outil pour mieux préparer leurs coureurs et communiquer avec eux : tout peut être compilé et consulté en un clic !

La plateforme Otakam est accessible avec différentes formules d’abonnement : « Notre service dispense les cyclistes d’équiper obligatoirement leurs vélos de capteurs de puissance, jusqu’ici indispensables pour le monitoring intelligent de ses performances. Et l’utilisateur dispose d’un maximum d’informations fiables via un outil web ludique » explique Jérôme Legenne. 

Un brevet CNES à l’origine de tout

Otakam exploite un brevet du CNES déposé en 2011. Sébastien Rouquette, ingénieur CNES au sein du Centre d'Aide au Développement des Activités en Micropesanteur et des Opérations Spatiales (Cadmos), est l’inventeur de celui-ci, baptisé « Physiotrack ». 

« J’ai profité de l’appel du CNES à ses salariés, en vue de remonter des idées à valoriser. La brique que j’avais imaginé, à titre personnel, lie les données physiologiques, de positionnement et l’approche biomécanique. Ce calcul de puissance pour mettre en jeu le mouvement, je voulais le traduire en version numérique » détaille Sébastien Rouquette.  

L’accompagnement du CNES a été déterminant pour rédiger les documents et déposer le brevet d’abord, puis pour donner le temps à un modèle économique d’émerger.

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Sébastien Rouquette, inventeur de Physiotrack et responsable mission spatiale habitée/outil de suivi médical intégré au Cadmos    

L’intelligence collective a pris le relais de l’idée individuelle : Otakam a fiabilisé les calculs en intégrant également davantage de paramètres (vents, orientation, course en groupe, topographie, modélisation physiologique, etc.).  La performance sportive a tiré l’innovation, afin de lui trouver un débouché économique. 

Pour y parvenir, Otakam a bénéficié de financements d’amorçage (Esa Bic Sud France, Région Occitanie, BPI France avec la bourse French Tech) en vue de trouver le modèle économique adéquat. Deux premières levées de fonds ont suivi pour financer la R&D et m'aorçage commercial.

Développements en sport santé… ou en mission spatiale habitée

Au-delà du cyclisme, bien des activités sportives peuvent recourir à Physiotrack : marche, course à pied, randonnées, natation en eau vive,...

A l’origine, le brevet CNES comporte également une dimension sport-santé forte, afin d’aider à la réadaptation fonctionnelle par un suivi médical adapté, que ce soit pour des pathologies chroniques ou des personnes âgées. La licence d’exploitation du brevet à Otakam comprend toutes les activités à vélo, la course à pied, le trail, le sport-santé, et pourrait être étendue à d’autres sports.

Cette exploitation terrestre de l’application et les performances atteintes pourraient aussi … trouver un usage spatial : « Cela n’a jusqu’ici pas été utilisé par les spécialistes assurant l’accompagnement des astronautes. Je travaille avec l’ESA et la NASA sur les enjeux d’outils intégrés de suivi médical des astronautes, notamment dans le cadre de missions habitées, lunaires comme au-delà » indique Sébastien Rouquette.

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Thomas Pesquet à l'entrainement Crédits : ESA/NASA/SpaceX

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Gaëtan Lemoine en course. Crédits : Otakam
Gaëtan, pilier de l’équipe Otakam et premier bêta testeur

Gaëtan Lemoine est data-analyst et business developper chez Otakam. Il est aussi cycliste de haut niveau (niveau élite), depuis 12 ans. Le coureur, licencié dans l’équipe Occitane Cyclisme Formation, raccrochera à l’issue de la saison.

En attendant, il met à profit les outils développés, comme les analyses liées à la puissance ou la prévision d’effort pour parfaire sa préparation celui de la puissance pondérée : « En entrant le profil du parcours et le niveau d’intensité voulu, avec les paramètres météo et grâce à l’auto-apprentissage, l’algorithme fournit une estimation de temps extrêmement fiable, temps intermédiaire compris ! »  La dernière sortie autour de Saint Girons, en est un exemple parfait : « En 6 heures de route et 4 cols enchaînés, je suis arrivé avec 3 minutes de retard sur la prévision Otakam ! »