Plus que quelques jours avant le moment historique : les derniers préparatifs se terminent sur le pas de tir d’Ariane 6 pour le vol inaugural du 9 juillet.
Le 20 juin, une ultime Répétition Système Lanceur (RSL) a été déroulée, pour la première fois avec le modèle de vol du lanceur. Elle avait pour objectif de vérifier que toutes les procédures et tous les systèmes étaient aptes pour le jour J, en prenant en compte les modifications intervenues après les essais combinés ainsi que les différences entre le maquette du lanceur utilisée pour les essais combinés et le premier modèle de vol.
Cette répétition générale, qui est allée jusqu’à H0-18 secondes avec remplissage des réservoirs, a donné lieu à une phase d’analyse durant la fin du mois de juin. l'objectif ? S’assurer que le système de lancement est conforme pour le vol inaugural (FM1). En parallèle de ces analyses, les équipes ont procédé à la remise en configuration du lanceur et des installations sol : vidange des réservoirs, remise en place du portique et des plateformes, évacuation des réservoirs de stockage d'oxygène et d'hydrogène liquides…
La chronologie finale
Le déclenchement de la chronologie interviendra la veille du lancement, avec le remplissage de la sphère d’hélium qui pressurisera les réservoirs de l’étage principal LLPM (Lower Liquid Propulsion Module) pendant le vol.
Le jour J, après vérification des conditions météorologiques, le portique mobile reculera 8h avant le lancement.
A partir de 5h avant le lancement, débuteront la mise en froid des réservoirs à oxygène et hydrogène des deux étages et leur remplissage en ergols.
« A ce moment-là, de nombreuses opérations se déroulent en parallèle jusqu’à atteindre sur chaque système un état de « prêt-synchro », c’est-à-dire que l’ensemble des systèmes électriques et fluides sont prêts à entrer dans la séquence synchronisée. Celle-ci, entièrement automatisée, démarre à H0-5 minutes » explique Olivier Bugnet, « puis à H0-14 secondes, on passe en séquence irréversible. »
C’est le moteur Vulcain 2.1 qui s’allumera en premier, afin de vérifier de manière automatique 8 paramètres de fonctionnement, comme sur Ariane 5 avec le moteur Vulcain 2.
S’ils sont corrects, à H0, l’ordre simultané d’allumage des boosters et de séparation des liaisons cryotechniques sera alors envoyé pour le décollage.
Le déluge se déclenchera alors pour réduire les impacts acoustiques sur le lanceur et protéger la table de lancement des effets des jets des propulseurs.
Séparations successives et expérimentation
Dans la phase de chronologie positive, les différents éléments du lanceur se sépareront successivement :
- d’abord les boosters, après un peu plus de 2 minutes de vol,
- puis la coiffe, une fois le lanceur sorti de l’atmosphère,
- et enfin l’étage principal avec le moteur Vulcain, 8 minutes après le décollage.
Le moteur Vinci prendra alors le relais.
« La grande nouveauté testée sur ce premier vol, est le rallumage du Vinci après 56 minutes de vol. C’est une opération particulièrement sensible qui demande notamment une grande maîtrise du comportement des ergols, que nous pouvons effectuer grâce au moteur auxiliaire APU (Auxiliary Power Unit) », détaille Olivier Bugnet.
La mission nominale s’achèvera alors, 1h06 après le décollage, par la séparation ou l’activation de la quinzaine de charges utiles développés par des acteurs publics, privés ou universitaires.
Le voyage du lanceur ne sera pour autant pas terminé : il poursuivra son vol pour réaliser de nouvelles expérimentations technologiques. « Nous allons tester des phases plus complexes et risquées, poussant le système à ses limites, en faisant un autre rallumage du moteur Vinci et de l’APU et en étudiant le comportement des ergols dans les réservoirs. »
Cette phase complémentaire prendra fin avec l’extinction des moteurs et les manœuvres de passivation amenant à la désorbitation de l’étage supérieur, 3h après le décollage.
La première Ariane 6 aura alors totalement rempli sa mission et réussi sa démonstration.
Le premier lancement d’Ariane 6 sera immédiatement suivi par une analyse du vol, afin de s’assurer que tout a fonctionné conformément aux attendus. C’est cette exploitation des données de télémesure qui conditionnera l’obtention d’une autorisation de lancement pour le deuxième vol, prévu d’ici la fin de l’année 2024.
La remise en état du pas de tir doit aussi être effectuée afin d’accueillir rapidement un nouveau lanceur, conformément à la volonté d’assurer une montée en cadence rapide d’Ariane 6.