Quel est votre rôle sur ces deux lancements ?

Raymond : Dans le cadre du vol inaugural d’Ariane 6, j’étais le directeur des opérations (DDO). Ce rôle consiste à coordonner la préparation de la campagne de lancement, c'est-à-dire assurer le bon déroulement de toutes les étapes de la campagne, qui implique à la fois des opérations sur le lanceur et sur les satellites qu'il transporte. Ensuite, le jour J, le DDO rejoint le centre de contrôle pour superviser la chronologie de lancement. J’ai aussi été sollicité par les médias pour mettre en valeur les équipes CNES impliquées dans le projet Ariane 6.

Axel : Lors du vol inaugural, j’étais le DDO/A, l’adjoint du directeur des opérations : j’ai assisté et accompagné le DDO dans sa mission de coordination des moyens mis à disposition du lancement. Nous nous sommes répartis les tâches de manière à être le plus efficace possible, permettant à Raymond Boyce de mener sa chronologie sans faille. Pour le deuxième vol d’Ariane 6, Raymond et moi échangeons les rôles. Une toute autre émotion, puisque ce sera une dernière en tant que directeurs des opérations pour Raymond, mon formateur et binôme depuis ma prise de fonction chez les DDO. Je le vivrai comme un passage de flambeau, en espérant lui faire honneur sur les missions à venir ! 

En quoi le premier vol d’un lanceur est-il particulier à vivre pour un DDO ?

Axel : Le premier lancement d’Ariane 6 a été pionnier à bien des égards : nouveaux processus, nouvelles procédures, nouvelles planifications, nouvelles évolutions, adaptions et qualifications systèmes. Sans compter la gestion des clients satellites exceptionnels que nous avions sur ce vol : la plupart des démonstrateurs et des cubesats à bord d’Ariane 6 étaient des projets de startups ou d’universités, pour qui c’était aussi la première fois. 

Raymond : Le jour du vol inaugural, j’ai dû garder à l’esprit que tout le monde regardait le Centre spatial guyanais. Tout se devait d’être fonctionnel et prêt pour débuter la chronologie au centre de contrôle et dans les salles de crises, activées pour réagir en cas d’un échec. Lors de la chronologie, j’étais très concentré sur la gestion des cas dégradés. Nos procédures avaient été mises à jour en conséquence. Une fois le top décollage annoncé et l’émotion contenue, j’ai rapidement prêté attention à la trajectoire du lanceur et aux annonces des paramètres de vol faites par l’agent CVI (Contrôle Visuel Immédiat). Il fallait s’attendre à tout. Faire la bonne synthèse des informations reçues en direct était ma priorité.

Qu’est-ce qui vous a marqué au cours de cette mission ?

Raymond : Si je devais évoquer un moment marquant de cette mission, en plus du succès du lancement bien sûr, ce serait les rencontres sociales régulières organisées au cours de la campagne par l’ESA, l'Agence spatiale européenne, afin de consolider les équipes et apprendre à se connaître. L’organisation du projet, avec la répartition des rôles entre les partenaires, était en effet très complexe, mais elle a été menée de manière remarquable.

Quelles émotions avez-vous ressenties quand vous avez vu Ariane 6 décoller ?

Axel : Un sentiment de satisfaction pour une mission partiellement accomplie, puisqu’il a fallu vite se reconcentrer sur le déroulé de la chronologie positive ! Mais je ne vous cache pas que j’ai versé ma petite larme. Quand j’étais petit, je me suis toujours dit qu’un jour je participerais de loin ou de près aux activités qui mènent à un lancement, mais je n’aurais jamais pensé y toucher d’aussi près.