Published on December 19, 2024

Angels : fin de mission pour un précurseur des nanosatellites français

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Ce 18 décembre, la mission Angels a fêté 5 ans en orbite. Et le même jour, le nanosatellite a été retiré du service comme l’exige la Loi sur les Opérations Spatiales. Retour sur une mission pionnière.
Vue d'artiste du nanosatellite Angels.
© CNES/ill./DUCROS David, 2018

Avec ses 20 kg sur la balance, Angels (Argos Neo on a Generic Economical and Light Satellite) est à bien des égards remarquable ! Il est le premier nanosatellite industriel français et a été développé, à l'initiative du CNES, en seulement deux ans et demi, un record dans le domaine.

La réalisation de la plate-forme a été confiée à Hemeria, jeune entreprise du NewSpace français, dans un partenariat public-privé innovant : pour la première fois, une équipe projet du CNES a été dépêchée dans les locaux d’Hemeria pour un travail en très étroite collaboration.

Enfin, l’instrument Argos Neo a été le premier exemplaire d'une nouvelle génération d'instruments de collecte de données et de localisation miniaturisés, développé sous responsabilité de Thales Alenia Space et de Syrlinks, entité du groupe Safran.

Argos Neo, précurseur d’une nouvelle génération d’instruments Argos

Dix fois plus léger et trois fois plus économe en énergie, Argos Neo a créé la rupture avec les générations précédentes en se fondant sur des technologies génériques de composants électroniques dites « sur étagère », non spécifiquement développées pour le milieu spatial. Cet instrument a ainsi permis de recueillir de nombreuses données pour mieux appréhender le comportement de ce type de technologies dans l'environnement spatial, particulièrement agressif.

Initialement conçue pour deux ans, la mission Angels a été prolongée devant le succès et les performances de ce satellite de poche. Ces cinq années d’expérience en vol, opérées par le CNES, ont permis d’observer son comportement dans le temps, sans aucune défaillance critique en orbite.

Grâce à sa grande fiabilité et aux performances de sa charge utile, Angels a pu rejoindre la flotte des satellites du système Argos et ainsi devenir une de ses composantes opérationnelles, capable de localiser les balises Argos n’importe où sur Terre avec une grande précision pour, par exemple, assurer la sécurité des courses de bateaux ou suivre la migration des tortues.

Essais de Compatibilité ÉlectroMagnétique (CEM) du satellite Angels EM complet réalisés au GERAC.
© CNES/LE BRAS Gwenewan, 2018

Symbole du NewSpace français

Fruit d’un partenariat exemplaire entre le CNES, Thales Alenia Space et Hemeria, Angels constitue désormais un symbole du NewSpace français. Cette mission a impulsé au CNES une nouvelle façon de coopérer avec l'industrie, en intégrant plus encore une prise de risque plus affirmée dans cette approche NewSpace.

Le succès d’Angels s’appuie également sur la participation de quatre autres industriels français :

  • EREMS qui a développé le module de conditionnement et de distribution de puissance,
  • STEEL qui a développé le calculateur de bord,
  • CS qui était en charge du centre de commande-contrôle,
  • MECANO-ID qui a réalisé des études mécaniques et thermiques du satellite et fabriqué l’antenne de l’instrument Argos Neo.

Un héritage technologique

Tout au long de la durée de vie d’Angels, de nombreuses expérimentations technologiques sur la charge utile ont également été menées au service des nouvelles missions qui envisagent l’emploi de cette technologie, en particulier la constellation Kinéis (25 nanosatellites sur cinq plans orbitaux) qui est actuellement en cours de déploiement et dont le service sera ouvert en janvier 2025.

Angels est l’exemple d’une mission spatiale réussie de bout en bout. Développée en un temps record, reposant sur des composants moins chers et plus efficaces, fiable et versatile tout au long de son temps d’opérations en orbite, cette mission initie d’autres projets spatiaux qui bénéficieront de son héritage technologique, managérial et opérationnel.

La Loi sur les Opérations Spatiales (LOS)

Dès 2008, la Loi relative aux Opérations spatiales (LOS) a posé les bases d’une approche proactive, imposant aux opérateurs français de respecter un certain nombre de règles pour limiter leur impact environnemental.

Ces règles sont simples :

  • Ne pas produire de débris en orbite intentionnellement (comme ce fut le cas avec la destruction volontaire d’un satellite chinois le 11 janvier 2007 et ses 3 527 débris identifiés),
  • Passiver les satellites en fin de vie (c'est à dire vider les réservoirs de carburant qui pourrait générer d’autres débris en explosant lors d’une collision),
  • Respecter la « règle des 25 ans » pour les satellites en orbite basse (les satellites doivent rentrer dans l’atmosphère dans les 25 ans suivant leur fin de vie opérationnelle),
  • Respecter l’« orbite cimetière » pour les satellites géostationnaires (orbite qui évite les satellites opérationnels).

Cette loi relative aux opérations spatiales a été mise à jour en 2024 avec entre autres l’obligation pour les satellites français en orbite basse de rentrer dans l’atmosphère au bout de 3 fois la durée de la mission et un plafond à 25 ans. C’est une première mondiale !

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