Rodrigo Avila de Luis, RSV (responsable sauvegarde vol)
Rodrigo Avila de Luis occupe le poste d’ingénieur sauvegarde vol depuis son arrivée au CNES en février 2020.
Peux-tu nous expliquer ton rôle sur ces deux lancements ?
Pour le vol inaugural, j’étais responsable sauvegarde vol adjoint. Nos missions, avec le responsable sauvegarde vol Pierre Spizzi et tous mes collègues, ont constitué à :
- analyser la conformité de l’architecture du lanceur vis-à-vis des exigences de la Loi sur les opérations spatiales (LOS),
- définir les domaines du vol autorisés pour Ariane 6, à préparer des outils et des études techniques,
- faire évoluer les systèmes de la base de lancement pour les adapter au nouveau lanceur,
- et enfin à permettre le suivi du lanceur en temps réel pour assurer la mission sauvegarde.
C’est une préparation qui a pris des années !
Pour le deuxième lancement, je serai le responsable sauvegarde vol.
Il s’agit du premier vol commercial d’Ariane 6, avec un passager très spécial, CSO-3 : c’est un honneur et une immense responsabilité pour moi. Mais j’ai une super équipe avec moi. Et pour cela, je suis infiniment reconnaissant !
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Comment as-tu vécu le lancement ?
Après une longue campagne, puis une longue journée de préparation des moyens pour le J0 en salle sauvegarde, je ne m’attendais pas trop à voir décoller le lanceur ce jour-là. Quand j’ai vu le moteur Vulcain s’allumer à travers les caméras sauvegarde, puis les boosters pousser le lanceur dans l’air, je n’y ai pas cru tout de suite !
Devant moi, les écrans me montraient la position du lanceur. À ce moment-là, je me suis concentré sur ma mission et j’ai commencé à caractériser la trajectoire et à l’annoncer à l’équipe opérationnelle dans la salle de sauvegarde, comme on l’avait répété de nombreuses fois.
Je suis resté très attentif, prêt à parer à toute anomalie. Mais tout s’est très bien passé. La trajectoire est restée nominale. Les moyens de la base de lancement critiques pour notre mission (c’est-à-dire les radars, les stations télécommande, la télémétrie…) se sont très bien comportés. Une dizaine de minutes plus tard, Ariane 6 a commencé à survoler les terres et notre mission d’intervention s’est terminée. Nous avons explosé de joie, avec la décompression de toute la campagne !
T’imaginais-tu, enfant, prendre part à un nouveau chapitre de l’aventure Ariane ?
Jamais je n’aurais imaginé occuper ce type de poste, ni être au cœur des opérations de lancement de la première fusée Ariane 6. J’avais toujours rêvé de travailler dans l’industrie spatiale, mais honnêtement, je ne connaissais pas toutes les activités très intéressantes qu’on peut réaliser au Centre spatial guyanais !
Comment devient-on RSV ? Le parcours de Rodrigo
Formation :
- Études d’ingénierie aérospatiale à l'Universidad Politécnica de Madrid
- Master spécialisé en Ingénierie des systèmes spatiaux à Delft University of Technology
Parcours pro :
- Young Graduate Trainee à l'ESTEC (ESA), en tant qu’ingénieur opérations pour préparer des campagnes de lancement de fusée-sonde et de ballons stratosphériques
- Stages à Airbus Defence and Space à Madrid et au Centre spatial universitaire de Montpellier
- 2020 : entrée au CNES comme ingénieur sauvegarde vol au Centre spatial guyanais.