Des moustiques, des satellites et des hommes
![Un exemple de mare temporaire dans la région du Ferlo au Sénégal. Crédits : Jacques-André Ndione, 2006.](https://cnes.fr/sites/default/files/styles/wysiwyg_popup/public/migration/automne/standard/2011_08/p9510_a2fa690331f41617f30924ebd93bc436mare6-800px.jpg?itok=9oulGBV4)
« Plus de 250 piqûres par personne et par nuit durant la saison humide ! » s’exclame Jean-Pierre Lacaux, du laboratoire d’Aérologie à Toulouse qui étudie, avec le CNES, les relations climat-environnement-santé en Afrique subtropicale.
Au Sénégal, la saison des pluies, de juin à octobre, est aussi la saison des moustiques, dans les villes et les campagnes.
De nombreuses collections d’eau se forment alors, comme les mares temporaires, points d’eau pour le bétail et lieux de reproduction privilégiés des moustiques.
![Le moustique Aedes vexans, un des vecteurs de la Fièvre de la Vallée du Rift (FVR) au Sénégal. Crédits : Cirrus Digital Imaging, 2003.](https://cnes.fr/sites/default/files/styles/wysiwyg_popup/public/migration/automne/standard/2011_08/p9510_288eb994ad3ce8f245ff451201f3dddeaedes-vexans-800px.jpg?itok=PXevWtrt)
Anticiper la propagation de ces insectes, souvent vecteurs de maladies humaines ou animales causées par des agents biologiques pathogènes (virus, bactéries, parasites…), représente un enjeu sanitaire important et une réalité enfin tangible.
Après une 10aine d’années de travail sur les zoonoses d’Afrique de l’Ouest, la télé-épidémiologie fournit désormais des cartes prédictives de risque entomologique opérationnelles, en cours d’évaluation.
Allier solide des acteurs de la santé, cette approche unit plusieurs disciplines scientifiques (climatologie, entomologie, microbiologie…) à l’imagerie satellite.
« Economiquement viable et originale, la télé-épidémiologie s’appuie sur des produits satellitaires, des réseaux sentinelles et des infrastructures déjà existants et opérationnels. » souligne Antonio Güell, Chef du Service Applications/Valorisation au CNES.
Des cartes prédictives qui facilitent la prise de décision
![Images spatiales du site de Barkédji (Sénégal) délivrées par le satellite Spot 5 à une résolution de 10 m, le 26 août 2003. Crédits : CNES/ Spot Images.](https://cnes.fr/sites/default/files/styles/wysiwyg_popup/public/migration/automne/standard/2011_08/p9510_3bf010c5ff3014c0190f4ed6a0d052ddimages-spot_Senegal-800px.jpg?itok=u71zfv0E)
De minutieuses observations de terrain (agressivité des moustiques, distance de vol, contacts entre hôtes et vecteurs…) informent les chercheurs des mécanismes entomologiques à l’origine de l’émergence des moustiques.
« Pour l’étude sur la Fièvre de la Vallée du Rift (FVR) au Sénégal, il a fallu capturer 100000 moustiques et les recouvrir d’une poudre fluorescente pour suivre leur vol ! » se souvient Jean-Pierre Lacaux.
Dans le même temps, les images spatiales du satellite Spot 5 donnent les variables environnementales associées au développement des moustiques (indice de végétation, présence et dynamique des points d’eau…).
![Cartes de ZPOM (Zones Potentiellement Occupées par les Moustiques) : évolution journalière entre le 13 et le 28 juillet 2010 après un évènement de pluie. Crédits : Vignolles et al., 2010.](https://cnes.fr/sites/default/files/styles/wysiwyg_popup/public/migration/automne/standard/2011_08/p9510_26845358235da5dc2da4cffe2001f084ZPOM-800px.jpg?itok=0skwvT1s)
En croisant ces données, il est alors possible d’établir des cartes prédictives de zones de développement des moustiques et de leurs pics d’activité.
Pour la FVR, ces cartes déboucheront sur 2 types d’applications préventives :
la sélection des mares à traiter par des larvicides biologiques et des zones de bétail à vacciner, ou la décision concertée de déplacer les parcs à bétail voisins.
D’autres projets de télé-épidémiologie, comme celui sur le paludisme à Dakar ou dans d’autres capitales africaines, sont également en cours, à des stades plus ou moins avancés.