À moins de 200 kilomètres à l'est de Paris, Épernay se situe dans la vallée de la Marne, au contact de la plaine de Champagne et de la côte - ou cuesta - de Champagne. Cette situation privilégiée est valorisée par l'un des vignobles les plus prestigieux au monde : le champagne. Il est composé de trois grandes appellations : au nord, la Montagne de Reims ; au centre, la vallée de la Marne ; et, au sud, la Côte des Blancs.
En position centrale géographiquement et à l'interface des trois appellations, Épernay est, avec Reims, l'une des capitales du champagne. Cette économie viticole est largement dominée par de grandes maisons de champagne, dont une grande partie appartient à de grands groupes de luxe, largement mondialisés


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Repères géographiques

Epernay : le centre du vignoble de champagne
La côte de Champagne : un atout majeur
L’image représente le lieu où se rencontrent le plateau de la Brie et la plaine de Champagne. Les deux sont séparés par un talus (ou cuesta), la côte d’Île-de-France. À gauche de l’image, le plateau ne s’élève qu’à une altitude maximale de 250 mètres et est recouvert de vastes forêts. Entre 100 et 150 mètres plus bas, à droite de l’image, la plaine céréalière dévoile sa marqueterie de champs rectangulaires. Au centre, la vallée de la Marne, orientée est-ouest, forme un entonnoir où se trouve la ville d’Épernay.
Les vignes destinées à produire le champagne se concentrent sur le talus, de part et d’autre de la Marne. Le vignoble forme une bande étroite, linéaire et continue. Cette exploitation intensive de la bordure du plateau s’explique par des facteurs géophysiques : la région a longtemps constitué la limite nord de la culture de la vigne. Comme cette plante méditerranéenne a besoin d’un bon ensoleillement — et même si le changement climatique modifie les équilibres —, l’exposition de ce talus viticole à l’est permet de profiter au maximum du soleil et limite l’effet des gelées. Le sol crayeux constitue également un élément essentiel du terroir champenois.
Cette organisation de l’espace est aussi une construction sociale et juridique. Dans la première moitié du XXᵉ siècle, un modèle original a émergé et permis de structurer le vignoble. La loi du 22 juillet 1927 a désigné les 319 communes (appelées « crus ») ayant le droit de produire un vin blanc pétillant dénommé « champagne ». La création de l’AOC (appellation d’origine contrôlée) en 1936 (365 communes) et celle d’un comité interprofessionnel en 1941 achèvent le processus. La production est gérée conjointement par les négociants (les maisons de champagne) et les vignerons-producteurs. Bénéficier de l’appellation « champagne » est indispensable pour avoir le droit de cultiver du raisin vinifiable. En conséquence, les parcelles, qui pouvaient s’étendre jusque dans la plaine au XIXᵉ siècle, ont disparu ; seuls les meilleurs terroirs sont aujourd’hui exploités.
Épernay : le centre du vignoble de Champagne
Épernay est le centre du vignoble de Champagne. Le village d’Hautvillers, situé à quelques kilomètres au nord, est considéré comme le berceau de la « méthode champenoise » à la fin du XVIIᵉ siècle : Dom Pérignon y aurait mis au point le procédé permettant de transformer un vin tranquille en boisson effervescente. Sur l’image apparaissent également les terroirs les plus renommés de l’appellation : les communes classées grands crus et premiers crus. La Côte des Blancs (Avize, Chouilly, Cramant, Oger) et la Montagne de Reims (Ambonnay, Aÿ, Bouzy, Louvois, Verzy) concentrent les productions de qualité assurant le prestige mondial du champagne.
Épernay est aussi un lieu de pouvoir pour le monde du champagne : on y trouve les centres de décision des acteurs de la filière. Il s’agit du siège de nombreuses maisons de champagne (administrations et caves) mais aussi d’organisations interprofessionnelles. Le Comité Champagne (CIVC) y gère les intérêts communs des vignerons et des négociants. Il réunit les 15 000 vignerons — regroupés au sein du Syndicat général des vignerons (SGV) — et les 77 maisons de l’Union des maisons de champagne. Épernay est donc le pivot où des producteurs possédant 90 % des vignes et des négociants réalisant 70 % des ventes administrent conjointement la profession. Cette omniprésence du champagne a permis le développement d’une filière locale (industrie du verre et des bouchons, production de matériel viticole de plus en plus robotisé, entreprises d’expertise et de conseil). L’inscription de plusieurs sites sparnaciens au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2015 a achevé de faire d’Épernay un haut lieu viticole.
Un vignoble bien plus vaste
Cependant, le cadrage proposé est loin de représenter l’ensemble du vignoble de Champagne. Les 30 000 hectares de vignes nécessaires à sa production s’étirent le long de toute la côte d’Île-de-France, y compris dans les départements voisins, de l’Aube à l’Aisne. Des coteaux viticoles se trouvent aussi sur la côte de Champagne (en Haute-Marne et dans le sud-est de la Marne), à plus de 100 kilomètres d’Épernay. Cette dispersion s’explique par le fait que le champagne est un vin d’assemblage : il est composé de jus issus de différents cépages — pinot noir, meunier et chardonnay. L’élaboration de la boisson effervescente nécessite donc des achats de raisins d’une commune à l’autre. Les « maisons de champagne », marques les plus prestigieuses, ne possèdent d’ailleurs pas toujours de vignes : elles achètent les raisins aux vignerons de l’AOC, puis les assemblent avant de commercialiser les bouteilles (négociants-manipulants). Depuis les années 1950, ce modèle est complété par celui des récoltants-manipulants, des vignerons qui vinifient eux-mêmes leur production, seuls ou via des coopératives.
Le modèle viticole champenois
Ce modèle, fait de structuration et de souplesse, a permis une insertion exceptionnelle dans la mondialisation : chaque année, près de 300 millions de bouteilles sont vendues dans le monde entier. Produit de luxe dont la qualité est reconnue, le champagne est devenu la boisson de la fête à travers le globe, tandis que le Comité Champagne protège activement l’appellation contre les contrefaçons.
Entre vigne et grandes cultures
Cette réussite éclatante ferait presque oublier les performances de l’agriculture intensive de la plaine de Champagne. Les céréales qui y sont produites alimentent également les marchés agro-alimentaires mondiaux. La spécialisation viticole, levier de croissance, n’a toutefois pas permis à Épernay de s’imposer dans l’espace régional : la métropole rémoise, située à 30 kilomètres au nord, revendique elle aussi le statut de « capitale du champagne », forte de grandes caves et de marques illustres telles que Vranken-Pommery, Ruinart ou Veuve Clicquot.
L’appellation « Montagne de Reims » révèle la position relativement périphérique d’Épernay. C’est la cité des sacres qui fait office de centre régional. La vallée de la Marne ne capte pas les grands flux européens entre Paris et l’Allemagne : dans le coin supérieur droit de l’image, on distingue la vallée de la Vesle, qui concentre les infrastructures majeures. Au pied des vignes — et à l’écart d’Épernay — passent la ligne à grande vitesse et l’autoroute. La portion visible correspond à l’A4 (Paris-Strasbourg), mêlée au trafic de l’A26 (Calais-Troyes), tandis que la LGV Est européenne voit filer les TGV, français et allemands, entre Paris et la vallée du Rhin.
Cette position relativement marginale d’Épernay rappelle que le statut de « capitale du champagne » et l’insertion dans les circuits mondialisés n’effacent pas une réalité géographique traditionnelle : le pouvoir reste d’abord parisien. Malgré certaines marges d’autonomie, c’est la métropole parisienne et ses besoins qui organisent, plus ou moins directement, l’aménagement du territoire champenois.
Zooms d'étude
Du point de vue de la production viticole, la Montagne de Reims constitue l’extension septentrionale du centre sparnacien. Cette appellation de « montagne » ne s’explique pas par une altitude comprise entre 200 et 250 mètres ; il s’agit d’une avancée du plateau francilien qui se projette vers l’est sur une vingtaine de kilomètres. C’est son aspect relativement massif et, surtout, le contraste de sa position de surplomb par rapport à la plaine qui lui vaut ce nom de « montagne ».
Les vignes plantées sur les pentes correspondent à des terroirs d’une diversité et d’une qualité exceptionnelles. Dans le coin inférieur gauche, le berceau du champagne autour d’Hautvillers est, depuis son inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2015, un haut-lieu reconnu de la viticulture mondiale. L’abbaye où, selon la tradition, le moine Dom Pérignon élabora la technique de champagnisation appartient à la maison Moët & Chandon (groupe LVMH) : des invités de marque y découvrent la vue sur les hauteurs d’Épernay et de la vallée de la Marne.
Autour de la Montagne, les villages produisent des vins de grande qualité, ce qui leur vaut d’être classés grands crus (Ambonnay, Verzy, Louvois) et premiers crus. Le cépage dominant est le pinot noir ; d’où l’appellation « Côte des Noirs » donnée aux pentes méridionales de la photographie. On y produit aussi un vin rouge réputé, l’AOC Coteaux champenois (notamment le Bouzy et l’Ambonnay rouge). Au nord, les pentes regardent vers Reims plutôt que vers Épernay : la Montagne fait la jonction entre les deux villes qui se disputent le titre de « capitale du champagne ». Une route touristique du Champagne traverse ces communes viticoles.
Sur le plateau, reconnaissable à sa couleur vert sombre, s’étend un massif forestier composé de feuillus. Il correspond presque exactement au Parc naturel régional de la Montagne de Reims, fondé en 1976. Jadis propriété des abbayes de la région, la forêt est aujourd’hui morcelée entre de nombreux propriétaires privés. Le réseau de routes et de chemins forestiers qui la quadrille est bien visible. Ce territoire regarde plutôt vers la métropole rémoise, située à une quinzaine de kilomètres au nord. On y trouve des activités touristiques : course à pied, VTT, chasse et pêche. Parmi les curiosités locales figurent les hêtres tortillards, appelés « faux de Verzy » ; avec environ un millier d’individus, le site constitue la plus grande concentration mondiale de cette espèce. À la lisière des forêts, des points de vue et l’essor de l’œnotourisme attirent de plus en plus d’amateurs de vin.
Cette forêt n’a pas la même force d’attraction que les opulents territoires agricoles voisins, mais des perspectives de valorisation existent : la production de bois s’intègre progressivement à des filières d’exploitation dynamiques dans la région Grand Est. Par ailleurs, dans le cadre de la réflexion des viticulteurs sur l’impact environnemental de leur activité, la forêt — à laquelle les vignes tournaient le dos — est réintroduite dans une approche globale de la production : rôle hydrique, stabilisation des sols, décarbonation, paysage patrimonialisé, réserve de biodiversité.

La vallée de la Marne, en aval d’Épernay, offre le paysage traditionnel des coteaux champenois. Au plateau forestier succèdent les pentes couvertes de vignes. Tous les terrains propices à la production de vin sont exploités : la vallée du Brunet, petit affluent perpendiculaire à la Marne, visible en haut à droite de l’image, est colonisée par le vignoble. Le bourg de Damery (1400 habitants) paraît noyé au milieu des parcelles.
Dans cette partie de la zone de production, les vignes ne sont pas plantées sur la cuesta, mais sur les rives de la Marne. Les pentes y sont plus marquées et s’orientent nettement soit au nord, soit au sud. Sur la rive gauche, des conditions moins favorables expliquent une emprise viticole plus réduite.
Même si l’on se trouve toujours au cœur de l’appellation AOC Champagne, ces terroirs occupent une position relativement périphérique et sont moins valorisés. Si le calcaire reste dominant, les sols de la vallée de la Marne sont plus riches en marne et en argile. Aucune commune n’y est classée grand cru ou premier cru. Le cépage dominant est le pinot meunier : les jus produits sont utilisés par les œnologues pour « équilibrer les cuvées », en les mélangeant notamment avec du chardonnay issu d’autres secteurs de l’appellation.

La « capitale du champagne » est aussi une modeste ville moyenne : 23 000 personnes y vivent au sein d’une agglomération de 40 000 habitants. La ville s’est implantée à l’endroit où la Marne perce le front de la cuesta ; elle occupe une terrasse sur la rive sud du fleuve. Le bâti urbain doit se faire une place parmi les vignes qui encerclent la ville au plus près des habitations. Les développements modernes ont été réalisés en préservant les coteaux viticoles : dans le lit majeur de la Marne, sur d’anciennes terres inondables, sont apparus le faubourg de Magenta et une zone industrielle. Au sud, les grands équipements (hôpital, casernes, installations scolaires et sportives, parc des expositions, zone artisanale) ainsi que la périurbanisation prennent soin de ne pas empiéter sur les coteaux.
Le site constitue un point de passage de la Marne, mais il ne s’agit pas d’un carrefour régional : celui-ci se trouve 30 kilomètres plus au nord, à Reims. À Épernay, l’axe principal est ouest-est : c’est l’axe fluvial qui relie la ville à Paris. La Marne, l’ancienne nationale 3 (la « route d’Allemagne » Paris-Metz) et la ligne de chemin de fer Paris-Strasbourg structurent la ville depuis le XIXᵉ siècle.
Les grandes maisons de champagne se sont installées le long de cet axe qui permet d’expédier dans le monde entier la « boisson de la fête ». L’essentiel n’est pourtant pas visible : les caves de craie — 110 kilomètres de galeries, à une profondeur d’une vingtaine de mètres — servent à élaborer et à conserver le vin de champagne. Des millions de bouteilles y sont travaillées et stockées. Ce quartier spécialisé est mondialement connu grâce à une portion de l’axe Paris-Metz, baptisée avenue de Champagne. Les coquets hôtels particuliers constituent la façade prestigieuse des grandes marques : la plupart sont contrôlées par le groupe LVMH (Moët & Chandon, Dom Pérignon, Ruinart, Veuve Clicquot, Krug, Mercier). On trouve aussi sur cette avenue le siège du SGV (Syndicat général des vignerons de la Champagne), qui regroupe les vignerons de la région.
L’ouverture aux marchés mondiaux alimente la spécialisation de la ville. Le territoire sparnacien s’affirme sur la carte mondiale du vin : l’avenue de Champagne est de plus en plus fréquentée par des touristes internationaux amateurs de luxe. L’inscription, en 2015, au patrimoine mondial de l’UNESCO, de deux sites sparnaciens (l’avenue de Champagne et le fort Chabrol) a renforcé l’image de « centre de gravité » de la Champagne. Cette patrimonialisation stimule un œnotourisme de courts séjours ; les initiatives se multiplient pour améliorer l’accueil (développement de l’offre hôtelière). Cela passe aussi par l’organisation d’événements de prestige : la ville a accueilli quatre fois une étape du Tour de France depuis 2010, et les festivités de décembre autour de l’avenue de Champagne — Habits de Lumière — gagnent en audience.
Cette spécialisation autour du vin et du luxe attire une population internationale croissante, mais son articulation avec les réalités locales reste complexe. Épernay demeure une sous-préfecture qui fut longtemps une ville cheminote ; elle a notamment abrité des ateliers de la SNCF, dont subsistent des friches en cours de réhabilitation. Les anciennes casernes ont été transformées en logements. La ville affronte ainsi des problématiques — notamment la désindustrialisation — typiques de la région Grand Est. Malgré la présence de bourgs vignerons dynamiques, l’agglomération vieillit et perd des habitants. Le prix du foncier, soutenu par la vigne, limite l’extension urbaine.

En amont de la cuesta, la rivière et le vignoble se séparent : l’axe est-ouest de la rivière se découple d’un coteau désormais orienté sud-ouest / nord-est (visible uniquement dans le coin supérieur gauche). La plaine céréalière, comme la vallée de la Marne, reste néanmoins marquée par la proximité du vignoble : les effets de la vigne s’y font sentir. De part et d’autre de la vallée, les villages se succèdent, proches les uns des autres (deux à trois kilomètres seulement) et relativement peuplés. Cette densité rurale, légèrement plus élevée, contraste avec la faible occupation humaine de la plaine. Ces villages, situés sur un axe de circulation traditionnel, profitent de la périurbanisation et du dynamisme viticole et agricole local.
Dans le coin inférieur gauche, le vaste rectangle de la zone industrielle d’Oiry s’étend. Une grande usine automatisée, contrôlée par le groupe Saint-Gobain, y produit des bouteilles de champagne ; elle est raccordée à la ligne de chemin de fer. Plus à l’est, les deux pistes de l’aérodrome d’Épernay-Plivot forment un X et rappellent des loisirs correspondant à un niveau de vie élevé. Son usage se limite aux activités de loisir (aviation légère, parachutisme, aéromodélisme).
La Marne et son lit occupent une bande vert-ocre d’environ quatre kilomètres de largeur. Les méandres de la rivière en constituent la limite nord. Un canal latéral, moins sinueux, double le cours d’eau. Au sud de l’axe, on distingue le tracé rectiligne de la ligne de chemin de fer dite de la « Vallée de la Marne », qui relie Paris à Bar-le-Duc (Meuse). Parallèle à la voie ferrée, l’ancienne nationale 3 (Paris-Metz) traverse les villages en filant vers l’est ; elle ne franchit la Marne qu’une vingtaine de kilomètres plus loin, à Châlons-en-Champagne.
Cette bande centrale est une zone humide. Les parcelles boisées (peupleraies) sont bien visibles. Le bleu émeraude des étangs révèle une nappe hydrographique quasiment affleurante. On y extrait de la grève, des granulats utilisés notamment pour la fabrication du béton. On y pratiquait autrefois l’élevage ; aujourd’hui, la grande culture — notamment le maïs — s’est imposée malgré le risque d’inondation.
Grâce à la proximité du vignoble, ces territoires bénéficient d’une intégration progressive dans un espace champenois mieux structuré. Néerlandais, Belges, Britanniques, Allemands et autres habitants de la mégalopole européenne constituent le public cible du développement touristique. La navigation de plaisance emprunte le canal latéral à la Marne, qui prend le relais d’une rivière navigable uniquement entre Paris et Épernay. L’ancien chemin de halage du canal a été aménagé en véloroute en 2017 ; il permet d’intégrer progressivement ce territoire au Paneuropa-Radweg (variante par la vallée de la Marne), un itinéraire cyclable reliant Prague à Paris.

L’image est centrée sur les vignes situées à quelques kilomètres au sud d’Épernay. On peut voir la quasi-totalité des 3200 hectares de la Côte des Blancs. Le nom de ce terroir provient du cépage dominant cultivé dans cette partie du vignoble : le chardonnay. Les raisins récoltés présentent une qualité œnologique remarquable ; ils permettent notamment d’élaborer un champagne monocépage très recherché, le « blanc de blancs ».
Les vignobles des communes de Cramant, Avize, Le Mesnil-sur-Oger, Blancs-Coteaux (qui réunit depuis 2018 Vertus et Oger) ainsi que Bergères-les-Vertus constituent le fleuron du vignoble : onze communes de la Côte des Blancs sont classées grand cru et quarante-quatre premier cru.
D’est en ouest, on retrouve l’alternance de trois terroirs. À l’ouest s’étend le plateau, où des villages se sont installés dans de vastes clairières bordées d’une forêt qui subsiste ; les sols y sont plus humides et moins fertiles, car argileux. À l’est, la grande plaine de Champagne et ses vastes champs rectangulaires reposent sur un sol crayeux et sec, exploité de façon homogène ; les villages-rues y sont groupés autour d’étroites vallées.
Entre les deux, le rebord du plateau, perpendiculaire à la vallée de la Marne, est occupé par les parcelles viticoles. Celles-ci, d’une dizaine d’ares, font l’objet d’une mise en valeur intensive. L’exposition plein est et le sol crayeux — bien drainé et réfléchissant la lumière — offrent d’excellentes conditions à la croissance du chardonnay.
Les villages-tas, initialement installés autour de sources, tendent à s’étendre dans la plaine ; en contrebas, on distingue les rectangles blancs formés par de vastes installations viticoles modernes (pressoirs, cuves, espaces de stockage et d’expédition).
La proximité de ces trois terroirs ne doit pas masquer les disparités qui structurent le territoire. Une forte hiérarchie économique distingue l’opulente bande viticole des espaces agricoles voisins, ce qui est d’autant plus remarquable que la plaine céréalière de Champagne affiche une rentabilité la plaçant parmi les régions agricoles les plus dynamiques d’Europe.

Références ou compléments
Bibliographie
- Roger Brunet, Champagne, pays de Meuse, Basse-Bourgogne, Flammarion et Famot, 1981.
- Jean-Paul Kauffmann, Remonter la Marne, Fayard, 2013.
- Matthieu Lecoutre, Atlas historique du vin en France (de l’Antiquité à nos jours), Autrement, 2019.
- Benoît Musset, Vignobles de Champagne et vins mousseux, Fayard, 2008.
- Raphaël Schimer et Hélène Velasco-Graciet, Atlas mondial des vins ( la fin d'un ordre consacré?), autrement, 2010.
- Serge Wolikow (s.d.), La construction des territoires du champagne (1811-1911-2011), EUD, Dijon, 2013.
Sitographie
- Le site du Comité Champagne (CIVC) www.champagne.fr
- Le site de l’union des Maisons de Champagne : maisons-champagne.com
- La côte des blancs : https://maisons-champagne.com/fr/appellation/aire-geographique/cote-des-blancs/?terroir=11
- Le site du syndicat général des vignerons de la Champagne : www.sgv-champagne.fr
- Une enquête de l’INSEE sur le monde du champagne : https://www.insee.fr/fr/statistiques/2666036
- La route touristique du champagne : https://www.tourisme-en-champagne.com/route-touristique-du-champagne&nb…;
Auteur
Xavier Desbrosse, professeur agrégé, Lycée Pierre Bayen de Châlons-en-Champagne.