30 Août 2011

Débris spatiaux : le CNES veut un espace « propre »

Le nombre de débris spatiaux en orbite autour de la Terre impose aux agences spatiales des mesures pour garantir la pérennité de l’exploitation spatiale. Au sein du COPUOS, Comité de l’Espace des Nations Unies, le CNES participe aux réflexions autour de ces questions.

30 août 2011

Une surpopulation inquiétante d'objets dans l'espace

16000 objets de plus de 10 cm de diamètre, 300 000 entre 1 et 10 cm et plus de 350 millions de moins de 1 cm.

Telle est la situation actuelle dans l'espace extra-atmosphérique autour de la Terre.

Ces corps créés par l'Homme (satellites hors service, étages de lanceurs, fragments…) et accumulés depuis les débuts de la conquête spatiale en 1957 avec le lancement du satellite russe Spoutnik, menacent l’exploitation future des orbites dites « utiles. »

« Si on n’entreprend rien, dans 100 ans, pourra-t-on encore utiliser l’espace ? » interroge Mario Hucteau, chargé d'affaires au sein du Service des Affaires Internationales du CNES.

Les orbites basses, situées entre 200 et 2000 km d’altitude, et l’orbite géostationnaire, à 36000 km au-dessus de l’équateur, sont, au terme des quelques 4800 lancements survenus depuis, très encombrées.

Les problèmes engendrés par cette surpopulation d’objets hétéroclites sont nombreux et variés : risque de collisions ou d’explosions génératrices de nouveaux débris, endommagement de satellite en activité, manœuvre d’évitement à orchestrer depuis le sol

Au sein du COPUOS (1) et de ses 70 membres, dont la France par l’intermédiaire du CNES, la question des débris spatiaux et plus globalement celle de la viabilité à long terme des activités spatiales est dorénavant devenue une priorité.

Des mesures en action et des pistes de réflexion

Face à une courbe de croissance du nombre de débris désormais exponentielle, des règles en matière de lancement et de gestion de la fin de vie des satellites ont vu le jour.

Complémentaires, elles cherchent soit à limiter voire stopper la pollution volontaire, soit à protéger les zones d’intérêt (passivation d’étages de lanceurs et de satellites, transfert sur des orbites cimetières, désorbitation et rentrée atmosphérique en moins de 25 ans).

Les projets de nettoyage de l’espace ne sont pas en reste : moteur ionique, kit de désorbitation, voile solaire, filet... Plusieurs pistes sont à l’étude.

Des réflexions autour de questions d’ordre politique, juridique et économique s’imposent également :

Quel degré de précision sur la position d’un satellite peut-on fournir sans engager la sûreté nationale ? Qui nettoie et qu’a-t-on le droit de nettoyer ? Qui finance ? Doit-on mettre en place une taxe « déchets spatiaux » ?

L’espace n’est, paradoxalement, pas si grand et les routes spatiales loin d’être infinies. L’orbite géostationnaire, unique, est par essence fragile et précieuse. Ce qui semble certain, c’est que la gestion des débris devra être intégrée dès le départ dans la conception des futurs satellites et systèmes de lancement. Pour un développement durable de l’espace.

(1) COPUOS : United Nations Committee on the Peaceful Uses of Outer Space

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