26 Janvier 2010

Cardiomed prendra le pouls des cosmonautes

Le dispositif médical développé par le CNES, va rejoindre la Station spatiale internationale le 5 février prochain. Il permettra aux médecins russes de suivre l’état de santé des cosmonautes mais aussi d’effectuer des recherches sur le système cardio-vasculaire.

26 janvier 2010

Compact et précis

« Cela fait plus de 20 ans que nous travaillons sur le système cardio-vasculaire avec l’Institut russe des problèmes biomédicaux, rappelle Patrick Aubry, chef de projet Cardiomed au CNES. Aujourd’hui, le CNES a l’opportunité de fournir aux russes des instruments de dernière génération pour le suivi médical des cosmonautes. »

Rythme cardiaque, débit sanguin, pression artérielle… Cardiomed sera utilisé pour vérifier le bon fonctionnement du système cardio-vasculaire des cosmonautes tout au long de leur mission.

Un suivi d’autant plus essentiel que dans l’espace, l’organisme est mis à rude épreuve. En l’absence de gravité, le cœur et les vaisseaux subissent en effet un « déconditionnement » et deviennent moins réactifs face à l’effort physique.

Patrick Aubry, chef de projet Cardiomed au CNES. Crédits :  CNES/E. Grimault.
Patrick Aubry, chef de projet Cardiomed au CNES. Crédits : CNES/E. Grimault.

« Les 5 instruments de Cardiomed seront utilisés ensemble ou indépendamment pour contrôler les paramètres du système cardio-vasculaire des cosmonautes. Par exemple avant qu’ils ne fassent une sortie extravéhiculaire ou lorsqu’ils utilisent le Tchibis, un pantalon rigide qui oblige le sang à redescendre dans les jambes et prépare au retour sur Terre », explique Patrick Aubry.

Après avoir été testé par le cosmonaute russe Oleg Kotov, Cardiomed sera utilisé en routine par l’équipage de la Station spatiale internationale.

Les données médicales seront transmises en temps réel aux médecins du centre de contrôle de Moscou (Tsoup), puis analysées par les équipes de l’IMBP dirigées par Adilya Kotovskaya, ancien médecin personnel de Youri Gagarine*.

Des retombées pour les astronautes et les terriens

Développé par le CNES et des équipes des CHU d'Angers et de Tours, Cardiomed offrira également aux scientifiques l’occasion d’étudier en détail le système cardio-vasculaire et de mieux comprendre certains de ses dysfonctionnements, notamment les problèmes de syncopes.

Ces pertes de connaissance sont liées à une mauvaise régulation de la pression artérielle en position debout, qui s’accompagne d’une accumulation de sang dans les jambes et empêche le cerveau d’être suffisamment irrigué.

Les syncopes touchent les astronautes à leur retour sur terre mais également 16 % de la population, avec en 1ere ligne les personnes âgées.

Cardiomed sera placé dans un vaisseau Progress de ravitaillement de l'ISS à bord d'une fusée russe Soyouz. Crédits : NASA/B. Ingalls.
Cardiomed sera placé dans un vaisseau Progress de ravitaillement de l'ISS à bord d'une fusée russe Soyouz. Crédits : NASA/B. Ingalls.

« Pourquoi les personnes âgées qui se lèvent brutalement le matin sont exposées au risque de syncopes, que se passe-t-il au niveau de leur système cardio-vasculaire. C’est l’une des questions auxquelles les scientifiques souhaitent répondre, souligne Patrick Aubry. Et mieux comprendre les causes permettra de mieux prévenir ces troubles. »

Cardiomed est aujourd’hui sur le site de Baïkonour, prêt à embarquer à bord du vaisseau russe Progress.

Il sera intégré à l’équipement médical russe de la station spatiale le 5 février et mis au service des cosmonautes pendant 5 ans.

*1er homme dans l'espace en 1961.

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