18 janvier 2010
Compact et précis
« AltiKa, qui sera embarqué à bord du satellite indien SARAL (1), doit prendre le relais d’Envisat pour mesurer le niveau des océans, indique Eric Thouvenot, responsable du programme SARAL-AltiKa au CNES. C’est un altimètre assez innovant, le 1er a utiliser une fréquence aussi élevée, ce qui le rend plus compact et plus performant que la génération précédente. »
Pour mesurer le niveau des océans, les altimètres embarqués sur des satellites envoient une onde radar et mesurent le temps de retour de l’écho.
Or, une partie de l'atmosphère ralentit ces ondes et faussent les données.
En utilisant une fréquence d’émission élevée, dans la bande « Ka », AltiKa contourne le problème et n’a pas à s’encombrer d’un instrument de correction, ce qui est le cas des altimètres actuels.
Autre avantage conféré par les hautes fréquences : la précision.
« AltiKa va mesurer le rélief des océans à 8 mm près, contre une moyenne de 2,5 cm pour les altimètres actuels. Et sa résolution spatiale sera de 2 km, c’est-à-dire 3 fois meilleure que celle de ses prédécesseurs », résume Eric Thouvenot.
« AltiKa va fournir des mesures précises de la topographie des océans, notamment près des côtes. C’est important d’obtenir des données valides à proximité des terres car de plus en plus d’applications s’intéressent au littoral », souligne-t-il.
Des océans aux glaciers, en passant par les lacs
Outre les océanographes et les climatologues, les glaciologues et les hydrologues attendent eux aussi des données inédites et précises du côté des glaciers, des mers intérieures, des lacs et des fleuves.
Avec l’aide de DORIS – un système de détermination d’orbite – AltiKa va pouvoir mesurer la topographie de ces étendues d’eau terrestres sans être perturbé par le relief environnant.
Un point faible toutefois : « Les ondes radar de haute fréquence sont extrêmement sensibles aux pluies, même fines, reconnaît Eric Thouvenot. Mais, statistiquement, seules 10 % des données devraient être perdues. Et puis certains scientifiques pensent pouvoir interpréter l’atténuation et la déformation des ondes radar par la pluie et en obtenir des informations originales », s’amuse-t-il.
Extrait du blog Jason-2, publié en 2008. Crédits : CNES.
A n’en pas douter, les données récoltées par AltiKa vont intéresser de nombreuses équipes de recherche.
Leurs propositions sont d’ailleurs attendues par le CNES et l’Agence spatiale indienne (ISRO) jusqu’au 15 février prochain.
Si tout se déroule comme prévu, le satellite SARAL, qui embarque AltiKa mais aussi l’instrument ARGOS-3 (2), sera satellisé fin 2010-début 2011.
« On est confiant sur la réussite de ce projet », conclut Eric Thouvenot.
(1) Développé par l'Agence spatiale indienne (ISRO).
(2) Système dédié à la localisation, l'acquisition et la distribution de données environnementales.