26 Mars 2009

Les 50 ans de Véronique

La petite fusée emportait, il y a un demi-siècle, une expérience scientifique pour sonder les masses d’air de la haute atmosphère. Un programme décisif à l’origine des lanceurs de satellites.
26 mars 2009

200 km d’altitude

La seconde guerre mondiale donnera naissance aux  fameux missiles V2 allemands dont le programme atteindra des performances inégalées.

La France décide alors de s’allouer les services d’un certain nombre de techniciens allemands qui seront recrutés par le Général De Gaulle à la Direction des études et fabrication d’armement (DEFA) de l’Armée de Terre. De là sera créé le Laboratoire de Recherches Balistiques et Aérodynamiques (LRBA) à Vernon dans l’Eure.

Objectif : la mise au point de la fusée-sonde « Véronique » (pour Vernon-électronique) capable de voler à 60 km d’altitude et d’emporter 50 kg de charge utile.

Les 1ers tirs ont lieu en 1952. « Le nombre de succès à l’époque a été suffisant pour que l’on passe à la vitesse supérieure », se souvient Jacques-Emile Blamont, ancien directeur technique et scientifique du CNES.

Au moment de l’année Géophysique internationale en 1957-1958, les ingénieurs mettent au point la Véronique « AGI ». La fusée doit atteindre 200 km d’altitude et emporter 100 kg.

L’objectif est scientifique : « Il s’agissait de sonder verticalement l’atmosphère au profit du seul scientifique français intéressé par une telle expérience : Etienne Vassy, à l’époque professeur à la faculté des sciences de l’Université de paris », explique Jacques-Emile Blamont.

Le programme est pris en charge par le Comité d’action scientifique de la défense nationale (CASDN) présidé par le Général Maurice Guérin, un fervent partisan du spatial. 15 fusées sont fabriquées.

« Véronique n’était à l’époque qu’un moteur mais un moteur intelligent dérivé de certaines caractéristiques du V2 qui a vite présenté une grande fiabilité et des performances satisfaisantes. » se souvient Jacques-Emile Blamont.

Et pour faire décoller l’engin : un mélange hypergolique d’essence de térébenthine et d’acide nitrique.

 

 

D’importants résultats scientifiques

En 1959, les fusées sont prêtes. 3 d’entre elles seront lancées, en mars, depuis la petite base d’Hammaguir, en Algérie française. A bord, « le pot à sodium », un mélange destiné à être propulsé à l’extérieur de la fusée pour étudier les mouvements des masses d’air de la haute atmosphère.

2 lancements sur les 3 vont fournir d’importants résultats scientifiques : « Pour la 1ere fois, on a pu mesurer avec une précision relative la vitesse des vents, les turbulences et les températures à des altitudes comprises entre 90 et 200 km » explique le professeur Blamont.

Mais la réussite du programme va surtout démontrer les capacités des ingénieurs de Vernon à mettre au point des fusées à ergols liquides performantes. « C’est ce qui va encourager le Général de Gaulle à doter la France d’une force de frappe nationale » rappelle Jacques-Emile Blamont.

Nous entrerons alors dans l’ère des missiles balistiques qui seront plus tard capable d’emporter des charges nucléaires puis qui deviendront des lanceurs de satellites.

 

Voir aussi