22 avril 2004
Une chorégraphie minutieusement étudiée

4 mars 2004, 21h00. Sur la neige immaculée d’Esrange se déroule un étrange ballet. Vêtus de noir, les balloniers du CNES s’activent dans le silence de la nuit polaire. A la lumière de spots et par –20°C, ils procèdent aux différentes étapes qui précèdent un lâcher de ballon stratosphérique.
Gonflage du ballon auxiliaire, installation de la chaîne de vol, dépliage minutieux du ballon principal : les gestes précis de cette chorégraphie maintes fois répétée s’enchaînent.

Au moment du gonflage du ballon principal, 2 « gonfleurs » introduisent
de l’hélium dans les gaines de l’enveloppe. En quelques minutes
l’opération est terminée et le ballon se dresse à présent dans le ciel.
Impressionnant.
«3, 2, 1… » : depuis
la salle de contrôle le responsable des opérations donne l’ordre de
larguer. Attaché à un camion, le ballon auxiliaire est libéré et soulève
la nacelle qui n’est plus retenue que par 2 balloniers. Puis c’est au
tour du ballon principal de s’élever dans le ciel, traînant derrière lui
la longue chaîne de vol.
Etudier la chimie de l’ozone

Pourquoi Kiruna ? « Parce qu’ici nous « visons » le vortex polaire, cet immense tourbillon dépressionnaire où se joue la destruction de l’ozone qui nous protège du rayonnement ultra-violet solaire», explique le scientifique avant de filer vers la salle de contrôle pour vérifier la bonne santé de son expérience en vol.
Mesurer l’impact du Protocole de Montréal
« Ce vol a pour objectif de valider les mesures de 2 instruments d'ENVISAT : Mipas et Sciamachy, explique Claude Camy-Peyret. Grâce au spectromètre à infra-rouge LPMA, nous procédons depuis 10 ans à des mesures régulières qui donnent une indication de l’évolution du chlore stratosphérique. Cette technique d’absorption en occultation solaire nous permet de vérifier que les actions internationales menées afin de réduire l’utilisation des chlorofluorocarbones (CFC), dont le Protocole de Montréal signé en 1987, portent leurs fruits ».
Selon le directeur de recherche du CNRS, les ballons constituent la plateforme la plus adaptée à l’étude de la stratosphère dans le domaine 10-40 km, là même où se produisent les phénomènes critiques de la chimie atmosphérique, notamment la destruction de l’ozone par les composés azotés et chlorés. Raison de plus, selon lui, pour préserver ce savoir-faire « typiquement » français.
2 : LPMA - Limb Profile Monitor of the Atmosphere
Le saviez-vous ? |
Kiruna, un site idéal pour les ballons Située au nord de la Suède, Kiruna est la 2ème plus grande commune du monde, avec une superficie égale à la moitié de la Suisse. Elle offre des conditions idéales pour le lancement de ballons stratosphériques : faible densité de population, peu de trafic aérien et absence de vents violents. A 40 km au nord de la ville se trouve la base d'Esrange. Fondée dans les années 60 par l’ELDO et l’ESRO, les « ancêtres » de l’Agence spatiale européenne, elle est gérée par l’agence spatiale suédoise. Depuis 1974, plus de 300 ballons stratosphériques y ont été lancés, la plupart par le CNES, afin notamment d’étudier l’atmosphère et de mieux comprendre les phénomènes physico-chimiques qui conduisent à la destruction de la couche d’ozone. |