6 Octobre 2014

Les jets de la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko

Les images du noyau de 67P, prises le 26 septembre par la caméra de navigation alors que Rosetta survolait la face nocturne, mettent en évidence les jets chargés de poussières qui fusent depuis la région située entre les 2 lobes.
6 octobre 2014

Vol de nuit

Le 26 septembre 2014, à 26,3 km du centre du noyau et alors que Rosetta survolait sa face nocturne depuis peu, la caméra de navigation a réalisé une série d’images spectaculaires.

L’agence spatiale européenne précise que leur assemblage sous forme d’une mosaïque n’a pas été réalisé car, étant donnée la proximité de la sonde et son déplacement, le changement de perspective est très important d’une image à l’autre, d’autant plus que le noyau tourne sur lui-même durant ce temps.

Vous pouvez toutefois apprécier le montage proposé ci-dessous par les astronomes amateurs Elisabetta Bonora et Marco Faccin (2di7 & titanio44).

Des jets de poussières

En regardant ces images, on ne peut qu’être frappé par la visibilité des jets qui s’échappent du noyau depuis la région située entre les 2 lobes, celle que l’on appelle communément le « cou » en référence au rétrécissement entre les 2 lobes.

On peut donc légitimement s’interroger sur cette visibilité et tenter d’obtenir des réponses auprès de scientifiques comme Francis Rocard, responsable du programme Rosetta au CNES, et Philippe Lamy, du Laboratoire d’Astrophysique de Marseille.

Un angle favorable

Le temps de pose ne semble pas avoir été plus long : les paramètres de prises de vue n’ont pas été divulgués par l’ESA, mais, comme le souligne Francis Rocard, « la luminosité de la surface est comparable à celle des images précédentes. »

On peut bien sûr imaginer que l’activité du noyau augmente puisque la distance avec le Soleil diminue régulièrement, mais, selon Philippe Lamy, la cause la plus probable de cette visibilité accrue des jets est leur angle d’illumination : « les ombres indiquent que le Soleil est en arrière du plan de l'image, on s’approche donc du régime de diffraction des poussières (il s'agit bien de jets de poussières et pas de gaz) et il y a donc renforcement de la diffusion ; une image de la comète 103P Hartley 2 (mission EPOXI) faite après le survol avec le noyau en silhouette montrait bien cela. »

5 sources distinctes ?

Il semble y avoir au moins 5 sources pour les jets visibles sur ces images, mais il est encore trop tôt pour savoir si elles sont localisées sur des évents ou des fissures. De plus, Francis Rocard souligne « qu’il se peut qu'il y ait aussi un effet géométrique de concentration du dégazage, car l'angle solide de la comète au niveau du cou est plus important qu'ailleurs. »

Si Philippe Lamy évoque également cette possibilité, il précise cependant qu’à son avis, l’étude attentive des images fait plutôt penser à « des jets collimatés provenant en profondeur de sources distinctes. »

Il est encore trop tôt pour trancher alors que Rosetta continue d’engranger des observations et l’heure est encore aux hypothèses de travail.

L’accumulation des mesures depuis maintenant 2 mois que la sonde européenne accompagne le noyau comble les scientifiques et fait déjà de cette mission une réussite exceptionnelle de l’exploration humaine du Système solaire.

Le 6 octobre 2014 à 0h00 (UTC), Rosetta se situait à 468 millions de km de la Terre et il fallait 1 561 s, soit 26 min 1 s aux données qu’elle émettait pour nous atteindre ; tous les systèmes à bord et tous les instruments fonctionnaient parfaitement.

 

Rosetta est une mission de l’ESA avec des contributions de ses États membres et de la NASA. Philae, l’atterrisseur de Rosetta, est fourni par un consortium dirigé par le DLR, le MPS, le CNES et l'ASI. Rosetta sera la première mission dans l'histoire à se mettre en orbite autour d’une comète, à l’escorter autour du Soleil, et à déployer un atterrisseur à sa surface.