19 Décembre 2013

Gaia, des étoiles plein les yeux

Le satellite européen Gaia a débuté son odyssée spatiale. Il va rejoindre le point de Lagrange, situé à 1,5 million de km de la Terre, pour mesurer la position des étoiles de notre galaxie. A l’abri de toute pollution lumineuse, le satellite fournira une carte 3D du ciel plus précise que jamais…

19 décembre 2013

Une étoile, des milliards d’étoiles

Hipparcos, compteur d’étoiles
Récit de François Mignard, directeur de recherche au
CNRS et chercheur à l’Observatoire de la Côte d’Azur

La nuit tombe et les 1eres étoiles apparaissent… 1, 100, 1 000…. En réalité, il y en a 200 000 000 000 dans notre galaxie, la Voie lactée. Mais à quelle distance se trouvent-elles ? Difficile à dire. D’ailleurs, pendant des siècles, la question a fait débat et ce n’est qu’en 1838 que l’astronome allemand Friedrich Bessel a calculé la 1ere distance d’étoile en utilisant la parallaxe (1). Il estime alors que l’étoile 61 de la constellation du Cygne se trouve à 100 000 milliards de km de la Terre ou 10,4 années-lumière (la valeur réelle est 11,2). Plus récemment, le satellite européen Hipparcos, lancé en 1989, a établi un catalogue de 120 000 étoiles. Tandis que le satellite Gaia, lancé le 19 décembre 2014, s’apprête à pulvériser ce record avec plus d’1 milliard d’étoiles (environ 1% des astres de notre galaxie) et 100 fois plus de précision.

(1) Déplacement apparent de l’étoile dû à la révolution de la Terre autour du Soleil.


Sous les étoiles...
Réflexion de Jacques Arnould, responsable des questions éthiques au CNES

 

Plongée au cœur de la galaxie
Un film d’animation proposé par l’ESA

La galaxie en 3D

Pendant 5 ans, le satellite Gaia va mesurer, chaque seconde, la position de centaines d’étoiles. Et il va réitérer l’opération près de 70 fois pour chacune d’entre elle ! Pour quelle raison ? Obtenir des positions extrêmement précises, mais aussi connaître leur vitesse de déplacement et leur distance exacte à la Terre. Gaia possède un autre atout : ses 2 télescopes sont fabriqués en carbure de silicium, un matériau léger et très résistant aux déformations. De cette façon, le satellite va offrir aux astronomes et aux astrophysiciens une cartographie 3D de notre galaxie sans précédent, riche d’1 milliard d’étoiles, mais aussi de milliers d’astéroïdes, d’exoplanètes, de naines brunes (2), de supernovæ (3), de quasars (4), etc… Un catalogue idéal pour étudier l’évolution et l’histoire de notre galaxie.

(2) objet trop petit pour être réellement considéré comme une étoile.
(3) explosion cataclysmique d’une étoile.
(4) noyau actif de galaxies lointa

En attendant Gaia…
Récits croisés de Lennart Lindegren, professeur d’astronomie à l’Université de Lund (Suède), et de Laurent Eyer, maître d’enseignement et de recherche à l’Université de Genève (Suisse)

 

 

 


Gaia, un « appareil photo » d’1 milliard de pixels
Coup de fil à Olivier La Marle, coordinateur des programmes d’astrophysique au CNES

Ecoutez l’intégralité de la Capsule de décembre 2013

Une fouille archéologique dans la galaxie
Explication de Catherine Turon, astronome à
l’Observatoire de Paris, et de François Mignard,
directeur de recherche au CNRS et chercheur à
l’Observatoire de la Côte d’Azur.

Des gigas de données à traiter

Chaque jour, l’antenne de Gaia va envoyer vers la Terre 40 Go de données sur une distance de 1,5 million de km (là où se trouve Gaia, au point de Lagrange L2, pour ne pas être gêné par la pollution lumineuse de la Terre). 6 centres de calcul européens devront alors se coordonner pour réceptionner cette moisson d’étoiles. Le centre de calcul du CNES, à Toulouse, sera responsable des données spectroscopiques (couleur et vitesse de déplacement des étoiles) et astrophysiques (luminosité, température de surface, taux de fer, etc.), et de l’archivage de secours de toutes les données collectées par Gaia. Plus de 6 000 cœurs de calcul (équivalent à 1 500 PC) et un système inspiré des technologies de Facebook seront alors nécessaires pour remettre de l’ordre dans ces données et produire une cartographie complète de notre galaxie.

De Facebook à la voie lactée
Reportage en compagnie d’Olivier La Marle,
coordinateur des programmes d’astrophysiques
au CNES, et de Benoît Frezouls, responsable du segment
sol de Gaia au CNES.

Voir aussi