13 août 2013
La chasse aux elfes est ouverte !
Un orage se prépare, des éclairs fendent le ciel et illuminent les cumulonimbus qui les ont vus naître. Quelques km plus haut, au-dessus de ces mêmes nuages, des flashs colorés et extrêmement brefs donnent lieu à un véritable feu d'artifice. Il s'agit des « phénomènes lumineux transitoires. » Durant la Seconde Guerre mondiale, certains aviateurs évoquent timidement ces drôles d'éclairs, qui s'étirent parfois sur 90 km de haut. Mais ce n'est qu'en 1989 que des chercheurs du Minnesota apportent la preuve de leur existence en les photographiant. Aujourd'hui, ces phénomènes sont mieux connus : il y a les jets bleus, qui jaillissent du cœur des nuages, les sprites orangés, aussi appelés farfadets ou sylphes, et les elfes, de grands halos rouges qui se forment au sommet de l'atmosphère.

Et si c’était vrai…
Réflexion de Jacques Arnould, responsable des questions éthique au CNES
Des avalanches d’énergie sous surveillance

Les phénomènes lumineux transitoires sont très énergétiques. Les sprites, par exemple, sont 10 fois plus puissants que les éclairs. Malgré leur extraordinaire puissance, il est difficile de les étudier depuis le sol car ils sont très brefs – de quelques millisecondes pour les sprites à quelques centaines de millisecondes pour les jets bleus – et sont souvent masqués par les nuages. L’endroit idéal pour les observer est donc l’espace ! Ces éclairs ont ainsi été photographiés par le satellite taïwanais Formosat-2, et depuis la Station spatiale internationale lors de l’expérience française LSO*. Mais jusqu’à présent, aucune mission n’avait été entièrement dédiée à l’étude de ces phénomènes lumineux et des avalanches d’énergie (électrons, flashs gamma et X) qui les accompagnent. C’est justement l’objectif du satellite Taranis, dont la maîtrise d’œuvre est assurée par le CNES.
* Ligtning and Sprites Observations
Décryptage avec Jean-Yves Prado, responsable du programme Taranis au CNES
Taranis, un microsatellite en mission spéciale
Chez les celtes, Taranis est le dieu du ciel, de la foudre et du tonnerre. Un nom prédestiné pour un satellite qui va étudier les lumières d’orages sous toutes les coutures. Pendant 2 ans minimum, Taranis prendra ainsi des dizaines de milliers de photos grâce aux caméras et aux photomètres développées sous la responsabilité du CNES et du CEA, et devrait ainsi parfaire le catalogue de ces phénomènes étranges (les trolls et les gnomes, non formellement identifiés, pourraient bien venir agrandir la famille !) Le satellite sera également équipé de détecteurs de rayons X et gamma, de détecteurs d’électrons et d’une série de senseurs électromagnétiques*. Son lancement, prévu en 2016, est attendu avec impatience par des scientifiques du monde entier. * Instruments scientifiques réalisés par le LPC2E, l’IRAP, l’APC, le LATMOS, avec des contributions de laboratoires étrangers. | En attendant Taranis…
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