Surveiller pour mieux prévenir
Quel instrument autre que le satellite peut le mieux surveiller les frontières, veiller à la préparation et au bon déroulement d’opérations européennes en terme de sécurité, vérifier le respect des traités, repérer des pratiques illégales, des activités de piratage, de terrorisme mais aussi anticiper et suivre des crises humanitaires ? Assurant cette surveillance, le SatCen s’appuie essentiellement sur l’imagerie satellitaire pour mener ses activités d’intelligence géo-spatiale.

En matière de piraterie, l’imagerie spatiale apporte une foule d’informations par l’observation directe des groupes de pirates, de leurs points de départ, de leurs bateaux mais aussi à partir du suivi de villages. Ainsi, lorsque l’imagerie spatiale met en évidence l’apparition d’antennes, ou autre infrastructure lourde dans le paysage, il importe de s’interroger sur leur finalité.
Détecter les indices de présence
La surveillance des frontières, de ses points de perméabilité et des mouvements de population s’avèrent également des zones cibles pour les satellites d’observation utilisés par le Satcen. Première tâche, l’identification des zones de fragilité des frontières pour le bénéfice d’institutions européennes telles que Frontex. Le Satcen peut alors suivre des indicateurs de présence humaine et diriger plus finement d’éventuelles interventions. Si la précision des images ne permet que rarement la détection de personnes isolées, elle peut cependant mettre en évidence des regroupements, des moyens de transport, des décharges d’emballages associées, l’apparition de dégradations de l’environnement liées aux flux de passage tels que les traces de chemins les plus empruntés...
Une large palette de satellites
Ces informations ne sont parfois accessibles que par l’observation satellitaire. Elles proviennent d’une large palette de satellites européens optiques ou radar, commerciaux ou militaires (Pléiades, Helios 2, Sar Lupe, Cosmos Skymed), mais aussi de satellites commerciaux non européens.
3 questions à Denis Moura, expert national détaché du CNES auprès du SatCen
Quelle est votre fonction à SatCen ?
Du fait de mon itinéraire professionnel ces dernières années au sein du CNES, mais aussi auprès de l’Agence spatiale italienne, de l’Agence européenne de défense et de la diplomatie française, j’ai rejoint fin 2015 le SatCen pour être le Conseiller Espace du Directeur de ce centre.
A qui sont transmises les informations recueillies ?
Les informations traitées par le SatCen sont analysées afin d’en extraire des produits de geo-intelligence à destination essentiellement du Service européen d’action extérieure (service diplomatique de l’Union européenne).
Comment s’effectue le choix des observations ?
Le SatCen est sous la direction opérationnelle du Service européen d’action extérieure qui décide donc des zones à analyser. Au travers de cette institution, les pays membres ou des organismes internationaux qui le souhaitent peuvent également s’adresser au SatCen pour des besoins spécifiques.

Denis Moura, expert national détaché du CNES auprès du SatCen. Crédits : CNES.