13 Mars 2020

[Portrait] Clément Baron, transfert réussi des lanceurs à la robotique agricole

Après 7 ans à la Direction des lanceurs, Clément Baron s’est lancé avec succès dans l’aventure entrepreneuriale en 2016 dans le cadre d’un projet d’essaimage. Codirigeant d’AgreenCulture, il assure la direction technique de cette start-up qui emploie aujourd’hui 32 personnes.
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Le robot Ceol développé par AgreenCulture Crédits : AgreenCulture

Dans une vie précédente, ingénieur au CNES, Clément Baron travaillait à la Direction des lanceurs, spécialiste des radars de trajectographie qui surveillent la vitesse et la position de la fusée lors d’un lancement. Aujourd’hui, le voilà associé et directeur technique d’AgreenCulture, start-up prometteuse du secteur de la robotique agricole. Dans l’intervalle, il s’est engagé dans l’aventure de la création d’entreprise, avec le soutien du dispositif d’essaimage du CNES destiné à encourager l’entrepreneuriat de ses salariés.

Passionné de technique

Une trajectoire remarquable des étoiles aux champs qui doit tout à sa passion de la technique, à son envie d’entreprendre et au hasard des rencontres. « J’étais entré au CNES à la sortie de Supaéro, et après 7 ans à un poste intéressant qui m’avait donné une expertise transverse sur les différentes technologies des stations sol et les systèmes de localisation, je pensais à évoluer, raconte-t-il. L’opportunité s’est présentée lorsque j’ai retrouvé un ami de mes années étudiantes, Christophe Aubé, qui était en train de monter son entreprise avec Emmanuel Goua de Baix. Ils voulaient créer un petit robot pour désherber les champs de maïs. Au fil des discussions, l’idée de rejoindre leur équipe pour concevoir l’architecture système du robot a fait son chemin. »

C'est ainsi qu'AgreenCulture voit le jour en 2016. La start-up développe un boîtier de positionnement par satellite et de guidage pour robots, avec une précision centimétrique.

Notre spécificité est de garantir le niveau d’intégrité du positionnement, grâce à une solution que nous sommes en train de breveter. C’est indispensable à partir du moment où il n’y a plus de chauffeur, à la fois pour des raisons de sécurité et pour l’intégrité des cultures. 

Clément Baron, directeur technique d'AgreenCulture

Agreenculture vend sa solution de guidage à des industriels et l’a intégrée dans sa propre famille de robots, Ceol (voir photo), développée pour faire l’entretien du sol et remplacer les herbicides par du désherbage mécanique.

Les bénéfices de l’essaimage

Pour concrétiser son projet, Clément Baron obtient le soutien du CNES après validation de sa demande par le comité d’essaimage, ce qui lui permet de bénéficier d’un congé rémunéré pendant un an. L’accompagnement est aussi technologique, puisque la start-up a pu qualifier ses technologies au laboratoire Guide, centre d’excellence spécialisé dans les essais de géolocalisation par satellite, dont le CNES est partenaire. Enfin, incubée par l’ESA BIC Sud France, elle bénéficie d’avantages financiers et de support technique.

C'est une vraie opportunité de se lancer dans l’aventure avec un filet de sécurité. Sans ce dispositif, nous ne serions pas arrivés au même point : une société de 32 personnes dans un domaine d’application du spatial.

S’il a changé de secteur d’activité, l’entrepreneur reste dans son domaine de prédilection : « Je retrouve dans les robots toutes les technologies que je maîtrisais dans les radars. L’électronique, l’informatique, les radio-fréquence, les asservissements, la gestion de projet… c’est la même chose dans un ordre un peu différent. A l’arrivée, j’ai pu réutiliser et mettre en application 80% de ce que j’avais appris au CNES », conclut-il.


 


Essaimage, mode d’emploi

L’essaimage est un dispositif prévu dans le règlement interne du CNES pour accompagner les salariés souhaitant créer une start-up. Les dossiers sont validés sur la base de critères concrets tels que l’objet de l’entreprise, sa viabilité commerciale, ou encore son business modèle. Les projets valorisant des technologies spatiales peuvent bénéficier d’un soutien renforcé sous forme de congé rémunéré allant jusqu’à 18 mois, de prêt remboursable ou d’expertise technique. A l’issue de la période d’essaimage, le salarié peut choisir réintégrer le CNES ou poursuivre (sans soutien) pendant 5 ans maximum.


A lire, CnesMag n° 83

Pour prolonger la thématique et en savoir plus sur les apports du spatial à l'agriculture d'aujourd'hui, vous pouvez lire en ligne gratuitement le nouveau CNESMAG. Au sommaire de ce numéro 83 : « Agriculture : observer pour optimiser ». Pour comprendre comment les outils spatiaux contribuent à l'avènement d'une nouvelle agriculture capable de répondre aux défis économiques, démographiques, sanitaires, climatiques et environnmentaux du XXIe siècle.