8 Janvier 2020

[Nanosatellites] Le CNES s’implique dans le New Space avec ANGELS et EyeSat

Le 18/12/19, le lanceur Soyouz a mis en orbite les nanosatellites ANGELS et EyeSat. Conçus et réalisés à l’initiative du CNES, ils s’inscrivent l’un comme l’autre dans un nouveau segment spatial en plein essor, même s’ils poursuivent des objectifs et des ambitions bien différents.
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Illustration du nanosatellite ANGELS Crédits : CNES / DUCROS David 2018

Premier nanosatellite industriel français, ANGELS est le précurseur d’une série de satellites commerciaux qui répondront aux besoins d’une nouvelle génération de missions spatiales complémentaires des programmes traditionnels. Construit par la société Hemeria, avec une forte implication du CNES, il préfigure également la constellation Argos du futur qui sera développée par Kinéis dans le domaine des objets connectés. Quant à EyeSat, il s’agit d’un cubesat pédagogique réalisé dans le cadre du programme universitaire JANUS, destiné à former des étudiants aux métiers de l’ingénierie spatiale. Il remplira aussi une mission scientifique d’observation astronomique.

L’enjeu de la miniaturisation

Point commun entre ces deux satellites, la miniaturisation : ils ont nécessité des innovations technologiques pour réduire la taille et la masse et la consommation de leurs différents équipements. Certains éléments comme le calculateur ont un noyau commun et utilisent des résultats de R&T du CNES.

Des développement issus de la R&T et du programme JANUS servent de base à des technologies réutilisables pour la réalisation de nanosatellites industriels qui ont bénéficié à ANGELS.

Alain Gaboriaud, chef de projet EyeSat

La comparaison s’arrête là, toutefois, en raison des contextes très différents entre un projet mené dans un cadre universitaire et un projet industriel répondant à une approche de développement beaucoup plus contraignante. Pour ANGELS, le CNES a par ailleurs développé une charge utile Argos miniaturisée, Argos Neo, adaptée aux dimensions d’une plateforme de nanosatellite.

Des méthodes et une organisation innovantes

Autre point commun, les deux programmes se sont appuyés sur une organisation et des méthodes de travail innovantes. A la différence des précédents projets de JANUS qui étaient réalisés par les étudiants au sein de leur école ou université, EyeSat a été développé dans les locaux du CNES, qui a assuré le rôle de chef de projet au-delà du soutien technique, humain et financier. Environ 250 stagiaires de différentes écoles et universités ont travaillé sur le projet, par groupe d’environ une douzaine d’étudiants tous les 6 mois, intégrés en équipe avec des ingénieurs qui les encadraient et partageaient leur expertise.

Pour ANGELS, les équipes du CNES et d’Hemeria étaient réunies sur un même plateau projet chez l’industriel.

L’adaptation de nos méthodes a permis de travailler avec l’industriel pour l’aider à monter en compétence sur le domaine des nanosatellites.

Thibéry Cussac, chef de projet ANGELS au CNES

« En étant sur place, nous avons participé au quotidien aux différents travaux, avec des itérations et des prises de décision très rapides répondant au juste besoin client dans le respect des contraintes industrielles. C’est très efficace en termes de rapidité de développement. »

Or la réduction des délais de réalisation était une des priorités d’ANGELS, qui a été conçu et finalisé dans le temps record de 2 ans et demi. « L’objectif était qu’Hemeria soit rapidement présent sur le marché des nanosatellites avec un démonstrateur en vol, mais aussi qu’ANGELS puisse assurer une mission opérationnelle contribuant au système Argos, poursuit Thibéry Cussac. Les clients des nanosatellites cherchent à réduire les coûts et les délais pour pouvoir lancer des constellations allant typiquement jusqu’à quelques dizaines d’exemplaires. Etre compétitif sur le développement des nanosatellites nécessite de changer nos habitudes et nos méthodes et d’aller beaucoup plus vite. »

Le rôle du CNES

Avec ces deux programmes, le CNES s’engage pour l’avenir du spatial français en soutenant le développement d’une nouvelle filière industrielle dans le segment du New Space et en contribuant à former de futurs ingénieurs mais aussi de futurs entrepreneurs puisque JANUS a permis de créer 5 start-up. Ainsi, le CNES génère un écosystème qui permet de développer de nouvelles applications, notamment avec le lancement du projet de la toute récente société Kinéis.

 

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