27 Juillet 2016

Le lien avec Philae définitivement rompu

Le module de communication de Philae avec Rosetta, l’ESS (Electrical Support System) sera définitivement éteint mercredi 27 juillet 2016 à 11h (CEST). L’énergie, qui diminue régulièrement à bord au fur et à mesure que Chury s’éloigne du Soleil, sera consacrée aux dernières phases de la mission.

Les chances d’établir un contact avec Philae vont disparaître définitivement mercredi 27 juillet 2016 à 11h (CEST). En effet, l’ESA a décidé de couper "l’oreille" de l’atterrisseur pour consacrer l’énergie de Rosetta à la fin de sa mission. Philae avait donné signe de vie pour la dernière fois, il y a plus d’un an, le 9 juillet 2015, lors d’une communication qui avait duré 12 min.  Son bulletin de santé, bien qu’incomplet, semblait montrer que tout allait bien. Malheureusement, rien depuis…

3 questions à Philippe Gaudon, ancien chef de projet Rosetta au CNES.


Pourquoi l’ESA a-t-elle décidé de couper le module de communication de Rosetta avec Philae ?

Philippe Gaudon : Notre cortège Chury-Rosetta-Philae se trouve désormais à 3,5 UA (unités astronomiques) soit 520 millions de km du Soleil. A cette distance les panneaux solaires de Rosetta, même s’ils sont les plus grands jamais envoyés dans l’espace avec leurs 35 m d’envergure, ne fournissent plus beaucoup d’énergie. L’ESA a donc décidé de couper tous les appareils qui ne sont plus indispensables et qui sont susceptibles de consommer de l’énergie pour réserver cette énergie au fonctionnement des instruments scientifiques et aux manœuvres orbitales de fin de mission.

Existe-t-il un espoir de retrouver Philae grâce aux images des caméras OSIRIS et VIRTIS de Rosetta ?

PG : Jusqu’à janvier 2016 nous avions bon espoir d’établir une communication avec Philae. Ensuite, l’énergie à bord aura certainement manqué. En avril-mai nous avons fait de bonnes prises de vue au-dessus de la zone où Philae devait se trouver. L’orbiteur s’est même approché à 7 km de la surface de la comète. A cette distance, 1 pixel sur l’image représente une quinzaine de cm dans la réalité. Mais beaucoup de rochers, de falaises, beaucoup d’ombres, ça n’a pas été suffisant… Dans les semaines qui viennent, une série d’approches à basse altitude,  nous espérons 5 km d’altitude mais la sécurité de Rosetta est primordiale, va permettre de récupérer beaucoup de données scientifiques et en particulier d’observer l’évolution de la surface de la comète. Bien-sûr nous espérons en profiter pour apercevoir Philae et le localiser.

La mission doit s'arrêter le 30 septembre prochain, elle aura mobilisé des centaines d’ingénieurs pendant une vingtaine d’années, que va-t-il se passer ensuite ?

PG : Les données sur la comète Chury sont reçues quotidiennement depuis l’arrivée près de la comète en août 2014. Il faudra des années et des années de travail pour analyser tout ce qui a été recueilli par les instruments de Rosetta et de Philae. Au delà, mon rêve serait qu’une nouvelle mission vers cette même comète soit décidée de façon à comprendre son évolution au fil du temps et celle de sa trajectoire  dans le Système solaire mais rien n’est moins sûr. La 1ere cible de Rosetta, la comète Wirtanen, pourrait aussi faire l’objet d’une nouvelle mission. Bref, pour l’heure, nous croisons les doigts pour que Philae puisse être localisé visuellement dans les semaines qui viennent.

Le petit atterrisseur Philae n'a pas donné signe de vie depuis le 9 juillet 2015. Crédits : CNES/D. Ducros.



Philippe Gaudon. Crédits : CNES.



Les équipes du SONC (Science operation & navigation center), au CNES de Toulouse adressent un dernier message à Philae ! Crédits : CNES.