19 Janvier 2021

[Lanceurs] D’Ariane 5 à Ariane 6, comment les bâtiments s’adaptent

Pour permettre au Bâtiment d’assemblage final d’accueillir Ariane 6, il a fallu transformer l’ouverture principale du hall d’encapsulation sans perturber les lancements d’Ariane 5. Un chantier délicat qui vient de se terminer.
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Le Batiment d'Assemblage Finale (BAF) Crédits : CNES

Le développement d’un nouveau lanceur, c’est beaucoup de spatial, mais aussi de très importants travaux d’aménagement, comme l’illustre l’Ensemble de lancement 4 (ELA4) d’où s’élancera Ariane 6. Ce volet architectural comporte des constructions d’installations neuves, et quand cela est possible, des rénovations ou des adaptations de bâtiments existants pour les besoins du nouveau lanceur. C’est le cas du Bâtiment d’assemblage final (BAF), construit dans les années 1990 pour Ariane 5, et qui continuera de servir pour Ariane 6. Dans une zone dédiée appelée hall d’encapsulation (HE), les charges utiles y sont préparées et encapsulées dans la coiffe du lanceur pour constituer le composite supérieur, avant d’être acheminées en position verticale vers le pas de tir. 

La réutilisation du hall d’encapsulation pour Ariane 6 a nécessité des transformations profondes pour rendre le bâtiment compatible avec les dimensions du composite supérieur d’Ariane 6, beaucoup plus imposant que celui d’Ariane 5, et notamment l’installation d’une nouvelle porte.

Hubert Bardou, chargé d’affaires équipements mécaniques à la Direction des Lanceurs

Une porte rehaussée de 5 m

La porte existante du sas principal du hall d’encapsulation avait déjà des dimensions imposantes : 12 m de large sur 21 m de hauteur, soit à peu près la taille d’un immeuble de 6 étages. Mais insuffisantes pour la version la plus grande du composite supérieur d’Ariane 6, qui pourra atteindre 24 m de haut. D’autant plus qu’il sera chargé à l’intérieur du hall sur la remorque de l’UCT, le véhicule qui le transportera jusqu’à la zone de lancement. « Il a donc fallu rehausser le linteau de 5 m et installer une nouvelle porte de 26 m de haut, pour que les convois puissent sortir du bâtiment », précise Hubert Bardou. 

Les travaux, aujourd’hui achevés, ont été réalisés dans des conditions délicates, puisque le bâtiment est toujours utilisé pour la préparation des charges utiles d’Ariane 5. Le chantier, très lourd, a été organisé de manière à ne pas perturber l’exploitation du lanceur, en 4 grandes phases intercalées entre des campagnes de lancement qui se sont étalées sur 2 ans. La porte elle-même a été choisie pour pouvoir être intégrée tandis que l’ancienne fonctionnait encore. « Cela a demandé beaucoup de souplesse pour gérer les travaux sans gêner les lancements, poursuit Hubert Bardou. Nous avons aussi dû prendre en compte les contraintes de sécurité liées aux exigences d’atmosphères explosives (ATEX), puisque les satellites lors de l’encapsulation sont remplis d’ergols, et celles de propreté liées au fait que le hall et le sas sont des salles blanches. »

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Hubert Bardou Crédits : CNES

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La nouvelle porte du Batiment d'Assemblage Final (BAF) Crédits : CNES

Le saviez-vous

Le Bâtiment d’assemblage final (BAF) présente des dimensions impressionnantes : un hall composite de 90 m de haut et un hall d'encapsulation de 40 m. Le hall d’encapsulation comprend une grande salle propre de 900  m2  constituée d'une enceinte avec des plafonds et des parois lisses, et se présente comme un module cubique de 30 m de côté. Le hall d'encapsulation contient aussi un sas d'accès de 600 m2.  

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Lanceur - image d'illustration Crédits : Alena Butusava

Série lanceurs

Qu’on les nomme lanceurs ou fusées, cette activité du CNES - qui contribue à garantir l’accès autonome à l’espace de la France et de l’Europe - est en constante évolution. Nous vous proposons de découvrir son actualité via une série d’articles. Vous y lirez tous les détails sur le nouveau lanceur Ariane 6 et sa base de lancement et vous familiariserez avec les innovations et ruptures technologiques qui nourriront les futurs programmes à l’horizon 2030.