11 Juin 2018

[Entretien] Thierry Chapuis : Quand la voiture prendra le volant

« Pas de véhicule autonome sans satellites ? » : c’est le thème de la matinée d’information des entreprises organisée au CNES ce 11/06. Un sujet au cœur de l’actualité dont Thierry Chapuis, expert applications spatiales au CNES, analyse les enjeux.
Verra-t-on bientôt des voitures autonomes circuler sur nos routes ?

Thierry Chapuis : On n’en est pas très loin. Les Assises de la mobilité organisées l’année dernière ont clairement identifié le véhicule autonome comme l’un des éléments importants de l’évolution de la mobilité. Le 15/05 dernier, le gouvernement français a publié un cadre stratégique pour le développement des véhicules autonomes et propose une liste de 10 actions prioritaires, afin de permettre à l’horizon 2020-2022 la circulation de véhicules hautement automatisés. En France, des navettes pouvant transporter une dizaine de personnes circulent déjà sans chauffeur sur des circuits définis, même si la législation impose d’avoir quelqu’un à bord. Aux Etats-Unis, il existe plusieurs initiatives, comme celle d’Uber et Waymo qui travaillent sur des projets de taxis sans chauffeur.

Dans quel contexte les véhicules autonomes seront-ils utilisés ?

T.C : L’approche française privilégie dans un premier temps 3 utilisations ciblées pour les véhicules autonomes : 

  • les navettes pour desservir des sites privés ou transporter des passagers sur le « dernier kilomètre » vers un nœud de transport en commun ;
  • la voiture particulière qui pourrait passer en mode autonome dans certaines conditions de circulation telles que les embouteillages ou la circulation sur autoroute ;
  • la logistique et le transport de marchandises, avec des robots qui pourraient se déplacer de façon autonome ou suivre un opérateur humain. Une solution de ce type est en cours d’expérimentation par la Poste.

Tous les constructeurs automobiles sont aujourd'hui fortement engagés sur la thématique du véhicule autonome, mais elle concerne tout autant les drones, le transport maritime et le ferroviaire

Comment les technologies spatiales interviennent dans cette révolution ?

T.C : L’un des principaux défis techniques du véhicule autonome est celui de sa localisation, qui doit être la plus précise et la plus sûre possible. Pour cela, la géolocalisation par les signaux satellitaires joue un rôle essentiel car elle fournit un positionnement absolu, en complément d’autres capteurs comme les caméras, les lidars et radars. La cohérence de la position est ensuite vérifiée à l’aide d’une base de données cartographie. Il est nécessaire de bien connaître les performances des récepteurs des signaux Galileo, GPS, GLONASS ou BEIDOU qui peuvent être masqués ou perturbés dans un environnement urbain ou en présence de végétation. Le CNES y contribue en apportant son expertise et des outils d’analyse .

Le rôle du CNES

Le CNES a constitué un groupement avec plusieurs partenaires industriels (Laboratoire GUIDE, Thales Avionics, M3 Systems, Oktal SE) pour développer une plateforme de test qui permettra aux utilisateurs de valider leur système. Cet outil aura notamment pour objectif de répondre aux interrogations sur la qualité et la fiabilité des informations données par le récepteur GNSS dans la fonction de localisation du véhicule autonome.

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