13 Mars 2023

[Ariane 6] Retour sur la validation des essais combinés mécaniques

Les essais combinés d’Ariane 6 sur son pas de tir sont en cours. Le processus a débuté il y a plus d’un an, en septembre 2021, avec les premiers essais combinés mécaniques.

Dans l'imaginaire populaire, quand on pense au lancement d'une fusée, on s'imagine tout de suite un lanceur pointé vers le ciel et dont les moteurs s'allument à la fin du compte à rebours. Une campagne de lancement, pourtant, commence bien en amont, avec l'assemblage et l'intégration du lanceur.

Ce sont ces opérations qui ont été testées, et validées, en 2021 et 2022, lors des essais combinés dits mécaniques. Assemblage de la coiffe dans le hall d'encapsulation du bâtiment d'assemblage final, intégration du corps central dans le bâtiment d'assemblage du lanceur (BAL), son transfert, sa verticalisation sous le portique mobile, son intégration sur 4 boosters (plus exactement 3 pylônes représentatifs et un exemplaire d'essai sortie de la ligne de production et rempli d'une poudre inerte). Et, plus récemment, le transfert et le hissage de la coiffe à son sommet.



« Les essais combinés d'intégration mécanique sont terminés, explique Jean-Philippe Sire, Responsable de la mise en œuvre des essais combinés mécaniques pour la Direction du Transport Spatial du CNES. Ils ont été validés. Oui, c'est déjà un aboutissement. » D'autant que l'ingénieur a suivi ce projet dès son commencement. « J'ai participé à la création et au développement d'une partie des moyens mécaniques de l'ELA 4 comme le Upper Composite Trailer (UCT) pour le transport des coiffes et charges utiles, ou le TCT, le véhicule qui sert à convoyer le corps central depuis le bâtiment d'assemblage… J'ai piloté leur conception depuis Toulouse, puis j'ai demandé à travailler sur leur acheminement et leur intégration en Guyane. »

 Nous sommes partis d'une feuille blanche et nous avons pu constater que ce que nous avions imaginé fonctionne. Je dois reconnaître que lorsque le corps central a été verticalisé, j'ai eu des frissons. Peut-être même une petite larme ! 

Le travail de Jean-Philippe Sire à Kourou n'est pas terminé. Au regard de son expérience sur les moyens mécaniques, il reste aujourd'hui mobilisé comme support technique pour la suite des essais fonctionnels. « Ce qui est précieux dans un projet comme cela, c'est la transmission de l'expertise, à tous les niveaux. » D'une génération de lanceur à une autre par exemple. Certes, Ariane 6 et l'ELA 4 sont des prototypes, mais ils ont bénéficié de toute l'expérience acquise depuis Ariane 1. « Je suis un gamin, au sens figuré bien-sûr, en comparaison de certains de mes collègues qui ont participé au développement des autres pas de tir. Leur expérience a été indispensable. »

Jean-Philippe reconnaît toutefois que certains moments des essais combinés mécaniques ont été un peu stressants, une erreur pouvant signifier l'arrêt des essais pour plusieurs mois, et le report de la qualification d'Ariane 6. « Mais nous sommes des professionnels compétents, précise-t-il, au sein d'un système comprenant des milliers de personnes, mieux, d'experts. Pour chaque système, nous avons procédé pas à pas, avec des maquettes, des tests, des simulations… Nous avons respecté une procédure qualifiée. » Ainsi, l'ingénieur se montre serein pour la suite, malgré les enjeux.

​Si l'érection d'un lanceur de 60m est une vision marquante, il en est d'autres toutes aussi fortes. Bien que plus inattendues. A l'image du transfert de la coiffe depuis le hall d'encapsulation du bâtiment d'assemblage final jusqu'à la zone de lancement. Quelques centaines de mètres à la vitesse de 11 km/h, un voyage pourtant sous haute tension : « La coiffe et le satellite qu'elle renferme - dans le cas des essais combinés il s'agit d'une maquette - ont été conçus pour supporter un décollage fracassant et une vie dans l'espace, sourit Jean-Philippe Sire. Pas pour faire quelques centaines de mètres sur un véhicule roulant ! »




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