10 Janvier 2014

Alerte cyclonique sur La Réunion

1er janvier 2014, le cyclone Bejisa menace l'île de La Réunion. La France active la Charte internationale « Espace et catastrophes majeures » à 18h00. Pour Martine Béhague, un jour férié hors du commun débute.
Crédits : NASA Goddard MODIS.

18h15. Le téléphone portable de la Charte résonne dans le salon de Martine Béhague. A l’autre bout du fil, le point de contact de la Charte : des satellites doivent être programmés pour prendre des images de l'île de La Réunion, en alerte cyclonique. Une semaine sur 10, le CNES est d'astreinte à cette mission, en alternance avec les autres agences spatiales. Martine Béhague, ingénieure au sein de la sous-direction Opérations de Toulouse a été désignée comme ECO, « l'Emergency on call officer. »

18h45. Les parkings du Centre spatial de Toulouse sont vides, jour férié oblige. Martine Béhague rejoint son bureau. 1ere tâche : demander des compléments d'information à la Sécurité civile française : quelles sont leurs priorités ? Les villes, les routes, les aéroports ? Craignent-ils une submersion des côtes, des débordements de rivières, des glissements de terrain ou des dégâts sur les bâtiments et infrastructures ?

20h00. L'ingénieure débute l'identification des satellites les plus opportuns à programmer en cas de cyclone et d’inondations. Une douzaine sont choisis : des satellites optiques à haute ou très haute résolution comme Pléiades-1A, Pléiades-1B et SPOT-5 développés par le CNES, le satellite américain Landsat-8, l'indien Cartosat-1, le sud-coréen Kompsat-2. De fortes pluies associées au cyclone risquant de voiler les premières images optiques, des satellites radar sont aussi sélectionnés : le canadien Radarsat, l'allemand TerraSAR-X, l'indien Risat-1...

21h15. Les programmations sont soumises à la Sécurité civile française.

23h00. Validation reçue, Martine Béhague précise par téléphone la programmation de Radarsat à l'agence spatiale canadienne. Les autres programmations se feront essentiellement par emails, avec des formulaires propres à chaque satellite.

1h00. La dernière programmation est envoyée à l’agence spatiale sud-coréenne. Reste encore à écrire le dossier de synthèse.

3h30. Une dernière relecture et le dossier est transféré sur le site Intranet de la Charte. Pour Martine Béhague, ce 1er janvier se sera étiré au milieu de la nuit.

8h15. Myriam Cournet, ingénieure au sein de la sous-direction Charges utiles scientifiques et imagerie, gare sans souci sa Super 5 au Centre spatial de Toulouse. En ce 2e jour de l'année, les parkings sont toujours bien vides.

8h30. Nommée « Project Manager », elle ouvre le dossier de synthèse rédigé par « l'Emergency on call officer. » Une autre longue journée débute.

Focus

Créée en 2000 par le CNES et l’ESA (l’agence spatiale européenne), la Charte internationale « Espace et catastrophes majeures » fournit gratuitement des images satellites aux pays victimes de catastrophes naturelles, afin de les aider à organiser les secours. Les 15 agences spatiales signataires disposent d’un réseau de 25 satellites dont les images permettent d’obtenir en urgence l’état des zones sinistrées.

Pour en savoir plus