April 17, 2015

SPOT-5, un « jeune retraité actif »

A la retraite depuis le 31 mars, le satellite SPOT-5 aurait-il, déjà, des problèmes de vue ? En atteste sa 1ere image d'une île en forme de rhinocéros bariolée en vert. A quand des éléphants roses ?
Credits: CNES, 2015

Lancé en 2002, le satellite d'observation SPOT-5 a officiellement pris sa retraite le 31 mars 2015. Mais une retraite active ! Le 2 avril, les équipes toulousaines du CNES ont abaissé de 2,5 km l'orbite du satellite – initialement située à 822 km d'altitude – afin de lui faire survoler des régions non plus tous les 26 mais tous les 5 jours.

Pourquoi 5 jours ? Car c'est la période de revisite que fournira le couple de satellites Sentinel-2A et Sentinel-2B dans le cadre du projet européen Copernicus. Et comme SPOT-5, ces 2 satellites sont équipés d'une caméra optique multispectrale de haute résolution où chaque pixel au sol représentera un carré de 10 m de côté.

Tous les 5 jours, pendant 5 mois à compter du 8 avril, SPOT-5 va fournir des images de 150 sites éparpillés de part le monde, dont 13 en France : Bordeaux, Saint-Etienne, Pornic, Toulouse, Arles, Barcelonette, Mulhouse… De belles séries d'images en perspective !

Ces séries temporelles inédites permettront aux futurs utilisateurs des images de Sentinel-2 de travailler sur les méthodes de traitement et d'imaginer de nouvelles applications. « Imaginez, avec les satellites Sentinel-2, il sera possible d'observer, sans nuages, toutes les terres émergées en moyenne une fois par mois. On pourra voir la floraison du colza, la maturation des épis de blé… Et donc surveiller l'occupation des sols, la croissance de la végétation, déterminer les besoins en eau des plantes… » s'enthousiasme Olivier Hagolle, chercheur CNES au CESBIO de Toulouse, le laboratoire qui a proposé au CNES cette expérience baptisée « Take 5 ».

Mais SPOT-5 n'est pas le 1er satellite à se lancer dans l'expérience « Take 5 ». SPOT-4 s'y était déjà plié lors de sa « pré-retraite » en 2013. Menée avec succès sur 45 sites, elle a motivé l'Agence spatiale européenne (ESA) à participer au financement de cette nouvelle expérience avant les lancements de Sentinel-2A prévu le 12 juin 2015 et de Sentinel-2B en 2016. Histoire de préparer les futurs utilisateurs au déferlement de données. Le phénomène « big data », c'est aussi vrai pour les satellites !

Le saviez-vous ? SPOT-5 tirera définitivement sa révérence en octobre 2015. Le CNES procédera alors aux manœuvres de désorbitation afin de faire brûler le satellite lors de sa rentrée atmosphérique dans une vingtaine d'années.

Focus : l'expérience Take 5 a été proposée par le Centre d'études spatiales de la biosphère (CESBIO) basé à Toulouse. Elle est co-financée par le CNES et l'ESA.

Pour en savoir plus :